La crise européenne aura eu raison des ventes de champagne, qui devraient reculer en volume en 2012 même si les exportations vers les Etats-Unis et l'appétit des marchés émergents pour les vins haut de gamme devraient permettre au secteur de maintenir son chiffre d'affaires.
Après deux années consécutives de hausse, les expéditions sont attendues en recul d'environ 3% à environ 314 millions de bouteilles, après 323 millions l'an dernier, selon des industrielles évoquées par Reuters.
Si l'Europe va mal, les grands marchés d'exportation restent au contraire très dynamiques. Les Etats-Unis et le Japon sont en nette progression, tandis que l'essor du marché chinois, bien qu'encore embryonnaire, se confirme.
En outre, au "grand export" (hors Union européenne), la clientèle est très friande de rosés, de cuvées spéciales et de vins millésimés, vendus nettement plus chers que les "brut", qui sont élaborés par assemblage de plusieurs récoltes. Le chiffre d'affaires du secteur devrait donc pouvoir se maintenir, voire progresser par rapport aux 4,1 milliards d'euros (près de 5 milliards de francs) réalisés en 2011.
"Malgré la baisse des volumes, la Champagne va encore signer une des trois ou quatre meilleures performances de son histoire", observe Bruno Paillard, PDG de Lanson BCC (Lanson, Boizel), numéro deux du secteur derrière le groupe LVMH (Moët & Chandon, Veuve Clicquot, Dom Perignon ou Ruinart).
Avant les années noires de 2008 et 2009, la Champagne avait atteint, en 2007, un record de 339 millions de bouteilles, pour un chiffre d'affaires, record lui aussi, de 4,5 milliards d'euros.
Avec la crise, le fossé se creuse entre les grandes marques internationales exportatrices (qui pèsent pour près de 90% des exportations totales) et les vignerons et viticulteurs, très exposés au marché français sur lequel ils écoulent encore près de la totalité de leur production.
Les principales victimes de cette évolution sont les vignerons indépendants, qui ne disposent pas des puissants réseaux d'exportation de grands concurrents comme Moët & Chandon, Veuve Clicquot, Roederer, Taittinger ou Mumm (groupe Pernod Ricard ).
Espoirs déçus outre-Manche
Premier marché du champagne avec 52% des volumes écoulés, la France a vu ses ventes nettement reculer, avec des expéditions en baisse de 5% à la fin octobre et dont la tendance ne semble pas s'être améliorée depuis.
Au Royaume-Uni, qui reste encore de loin le premier marché d'exportation (10% des expéditions), la situation reste là aussi difficile et la concurrence particulièrement rude.
Contrairement aux espoirs nourris par les Champenois, le jubilé de la reine Elizabeth II comme les Jeux Olympiques de Londres n'ont guère dopé les ventes. Elles affichaient encore une chute de 7% à la fin du mois d'octobre, tandis que dans l'ensemble de l'Union européenne la baisse était de 6%.
Hausse hors UE
A l'inverse les exportations hors UE étaient en hausse de 5%, avec des progressions sensibles aux Etats-Unis (deuxième marché d'exportation avec 19 millions de bouteilles vendues en 2011), mais aussi au Japon (7,9 millions), où les consommateurs ont la réputation d'être avertis et sophistiqués.
La Russie est aussi dynamique tandis que le marché chinois, bien qu'encore très modeste, devrait doubler de taille en 2012 pour atteindre environ 2 millions de bouteilles vendues. Sur le seul premier semestre, la Chine avait déjà importé environ un million de bouteilles et s'était hissée dans le groupe des dix premiers pays d'exportation de champagne, derrière l'Espagne et devant la Suède.