La Suisse a participé, hier à Bruxelles, à une réunion du «comité mixte Schengen», qui réunit les Etats membres de l'espace européen sans frontières intérieures, les pays qui vont lui adhérer et ceux qui lui sont associés ou sont en voie de l'être. Berne était représentée par son ambassadeur auprès de l'Union européenne (UE), Bernhard Marfurt.
Les discussions ont notamment porté sur l'adaptation du Système d'information Schengen (SIS), une banque de données qui permet à chaque Etat de disposer du signalement des personnes recherchées et des objets à saisir.
La création du SIS II, une condition préalable à l'élargissement de l'espace Schengen vers l'est et vers la Suisse, bute sur différents obstacles de nature juridique et logistique. D'une part, le Parlement européen et les Vingt-cinq ne se sont pas encore entendus sur deux questions clés: celle des autorités qui pourront accéder au système et celle de l'exploitation des données biométriques qu'il contiendra. D'autre part, la modernisation de la base de données centrale du SIS I, établie à Strasbourg, accuse du retard.
Même si les Vingt-cinq ont déblayé hier la voie d'un accord avec le Parlement, qui pourrait être scellé en octobre, a annoncé hier Berhard Marfurt, les Européens ont reconnu «de façon informelle» que le SIS II ne pourra pas être opérationnel avant la fin de 2007, au mieux.
«Cela ne change rien pour la Suisse», a ajouté l'ambassadeur: elle n'espérait de toute façon pas faire son entrée dans la zone Schengen avant mars 2008 - elle devra auparavant réussir un test d'aptitude qui aura lieu au second semestre de 2007 seulement. La nouveauté, c'est que Berne pourrait elle-même réclamer un report, de quelques mois, de cette échéance. En cause: l'Eurofoot, que la Suisse co-organisera en juin 2008 avec l'Autriche. La Suisse est confrontée à un dilemme. Elle souhaite bénéficier le plus tôt possible d'un accès aux données contenues dans le SIS II, certes, mais en même temps, elle hésite à se plier à une exigence préalable - l'abolition des contrôles aux frontières helvétiques - avant la fin du championnat européen des Nations de football.
Berne pourrait concilier l'inconciliable en invoquant un «événement majeur» qui lui permettrait de réintroduire provisoirement des contrôles sur les personnes se rendant en Suisse, en juin, trois mois après les avoir supprimés, en mars. Mais elle craint visiblement que cela fasse mauvais effet.
«On réfléchit à la question», a confirmé Bernhard Marfurt. Le hic, c'est que l'Autriche raisonne autrement, elle: sa ministre de l'Intérieur, Liese Prokop, a souhaité hier lancer un «galop d'essai» avec la Suisse dans Schengen avant l'Eurofoot. / TVE