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La spirale des surendettés

03 juin 2011, 11:28

Ce matin, Veronica passe la porte de Deco, l'association portugaise d'aide aux familles surendettées. «Pour garder un peu de dignité et ne pas perdre la tête», glisse la jeune femme, le regard las. À 41 ans, mère d'un garçon de 7 ans, Veronica est sans emploi, comme son mari qui a dû fermer sa micro-entreprise. Criblé de dettes, le couple dispose pour tout revenu de 400 euros d'allocation chômage, pour 2 500 euros de charges de remboursement! Ils ont une dizaine de crédits sur les bras: immobilier, auto, personnel, cartes d'achat… sans compter le passif de l'entreprise, arriérés de sécurité sociale et d'impôt.

Veronica ne voit plus d'autre issue que de déclencher une procédure d'insolvabilité. «Pour repartir à zéro, espère-t-elle. Tous nos biens seront confisqués, on sera sous tutelle d'un administrateur pendant cinq ans, mais ensuite finies les dettes, elles seront effacées.»

Un peu en retrait, caché derrière de grosses lunettes carrées, Pedro chiffonne fébrilement son numéro d'appel. S'il recourt à Deco, c'est pour tenter de renégocier deux crédits: un prêt à la consommation de 8 500 euros contractés auprès de Cofidis et une hypothèque de 15 000 euros à la Caisse centrale des dépôts qu'il n'a pu rembourser malgré la vente de sa maison en août 2010. «J'espère obtenir un rééchelonnement, voire payer uniquement les intérêts, le temps de remonter la pente.»

Les difficultés pour ce jeune professeur ont commencé après le licenciement de sa femme en 2009. Puis en janvier il a perdu 200 euros sur son salaire, résultat des premières mesures d'austérité du gouvernement. Aujourd'hui ses revenus n'excèdent pas 1 500 euros, pour payer un loyer de 650 euros, les charges courantes et les études universitaires de ses deux enfants.

Des exemples comme ceux-là, l'association en reçoit plus de vingt par jour, sans compter les nombreux courriers. Ils ont entre 30 et 45 ans, ils sont ingénieurs, professeurs, avocats, simples employés avec un revenu moyen de 1 500 euros et en moyenne cinq crédits à leur passif. En 2010, Deco a reçu 17 372 demandes. Deux fois plus qu'en 2008, dues surtout à une perte d'emploi.

Effet cumulatif

Natalia Nunes, responsable de la division du surendettement, dénonce l'irresponsabilité des institutions financières qui, pendant des années, ont ouvert en grand les vannes du crédit et celle des ménages qui se sont laissés bercer d'illusions. «Avec l'entrée dans l'Union européenne on a cru devenir un pays riche. Au Portugal, le crédit date des années 1990. Ce fut une vraie révolution dans un pays de culture plutôt fermée», raconte Natalia.

Résultat, en 2009, selon la Banque du Portugal, le taux d'endettement des ménages s'élevait à plus de 130% de leur revenu disponible. Et, pour Natalia, c'est sûr, le problème va s'amplifier dans les prochains mois avec la récession et les mesures de restriction imposées par l'accord FMI-UE.

«Il y aura un effet cumulatif entre la suppression des abattements fiscaux, les coupes des aides sociales, les gels de salaires et pensions, la hausse des prix et des taux d'intérêt», détaille la responsable.

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