Cette semaine, les avocats militaires désignés pour défendre les prisonniers ont fait front commun contre une procédure qu'ils jugent inéquitable pour les accusés et indigne de l'idée qu'ils se font de la justice de leur pays.
Si certains sont réservistes, d'autres sont militaires de carrière et ils risquent gros en adoptant une position mal vue par le Ministère américain de la défense, à l'origine de ces tribunaux spéciaux.
Le commandant Thomas Fleener, qui s'est vu ordonner de défendre le Yéménite Ali Hamza Ahmad al-Bahlul, propagandiste présumé d'al- Qaïda qui refuse obstinément d'être défendu par un Américain, a abondamment fait part de son indignation. Jeudi, à l'issue des audiences, il a expliqué son émotion: «J'étais horrifié parce qu'en Amérique, il n'existe pas de système judiciaire comme celui-ci».
Les droits garantis généralement aux accusés «n'existent pas dans ces audiences, et si j'entends encore une fois l'accusation affirmer qu'il s'agit de procès complets et équitables, je crois que ça va me rendre malade», a-t-il ajouté. «On n'entend personne dire cela dans un tribunal normal, parce que dans un tribunal normal, cela va de soi», a-t-il noté. Indiquant avoir finalement réussi à rencontrer son client jeudi pour la première fois, il a dénoncé les incohérences du système. «Mon client a été séquestré pendant quatre ans sans voir l'ombre d'un avocat, et tout d'un coup on voudrait lui imposer un avocat et rattraper tout ce temps perdu en une demi-heure», a-t-il résumé.
Les avocats militaires des premiers détenus à comparaître en août 2004 avaient multiplié les déclarations les plus sévères contre cette justice d'exception.
Le commandant Michael Mori, qui représente l'Australien David Hicks, avait ainsi expliqué que ce système «heurte» l'idée même de justice qui lui a été enseignée aussi bien à la Faculté de droit qu'au sein du corps des marines. Pour lui, ces tribunaux relèvent de la «politique spectacle», leur procédure n'offrant «même pas l'apparence de l'équité». / GRA-afp