Hier en fin d'après-midi, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) confirmait que les deux otages suisses avaient quitté l'ambassade suisse à Tripoli, où ils étaient réfugiés depuis début novembre, et que Max Göldi était désormais détenu par les autorités libyennes. Quant au sort de Rachid Hamdani, censé avoir librement pris la route pour la Tunisie, le DFAE ne pouvait rien en dire.
La journée avait commencé dans l'agitation. Le chef de la diplomatie autrichienne, Michael Spindelegger, a affirmé que l'ambassade suisse avait été menacée d'un assaut des forces de l'ordre durant la nuit. Plusieurs ambassadeurs européens sont alors accourus «en signe de solidarité». Autriche, Allemagne, Espagne et Italie, entre autres, se sont employés à éviter une escalade.
Alors que l'ambassade était encerclée hier matin par des forces de l'ordre, un ultimatum était lancé pour obtenir la reddition de Max Göldi avant 11 heures. Selon son avocat, l'homme d'affaire s'est rendu de son plein gré aux autorités libyennes. Emmené menotté, il devait être conduit à la prison d'Aïn Zara, près de Tripoli, sans qu'on ait de confirmation à ce sujet. Il avait été condamné, en seconde instance, à quatre mois d'emprisonnement pour «séjour illégal» en Libye. Son avocat a indiqué qu'il déposerait une demande en grâce pour obtenir sa libération. Le second otage, Rachid Hamdani, qui possède la double nationalité suisse et tunisienne, avait été blanchi de tout grief. Selon les agences de presse sur place, il est parti en voiture officielle.
Il était censé rejoindre la Tunisie par la route. Il se trouvait toutefois encore à Tripoli vers 18 heures, comme l'a indiqué son épouse qui a pu le joindre par téléphone. Il lui a expliqué devoir remplir une dernière formalité administrative avant de pouvoir partir.
Les événements se sont précipités depuis l'entrée en scène de la diplomatie européenne. Jeudi dernier, l'Espagne (qui préside pour six mois l'Union européenne) a joué les médiateurs en organisant une rencontre entre la cheffe de la diplomatie suisse, Micheline Calmy-Rey, et son homologue libyen, Moussa Koussa. Le lendemain, c'est l'Allemagne qui prenait le relais.
Hier encore, les ministres des affaires étrangères de l'UE ont appelé à un règlement rapide du différend entre la Suisse et la Libye. La commissaire aux affaires extérieures, Catherine Ashton, a évoqué, à l'occasion de cette réunion, une possible révision de la réglementation sur les visas dans le cadre de l'accord de Schengen, puisque c'est là la cause de l'internationalisation du conflit.
C'est en effet le refus d'octroi de visas, par la Suisse, à 150 personnes proches du colonel Kadhafi, qui a déclenché un mécanisme au niveau de l'espace Schengen: une solidarité institutionnelle amène les autres membres (22 des 27 pays de l'UE, la Suisse étant associée) à suivre. Du coup, la Libye a bloqué les visas pour les ressortissants de ces pays, ce qui était contrariant pour eux.
A son tour à Madrid, hier, la présidente de la Confédération Doris Leuthard a répondu à l'irritation européenne que chaque membre de l'espace Schengen avait «le droit d'avoir une liste de personnes indésirables». Elle n'en a pas moins remercié le chef de la diplomatie espagnole Miguel Moratinos du rôle qu'il a joué dans cette crise, assurant qu'elle en ferait de même si l'Espagne en avait besoin. /FNU