Connu sous le titre de «Frère numéro deux», Nuon Chea (de son vrai nom Long Bunruot) a été le principal lieutenant de Pol Pot, leader du régime des Khmers rouges décédé en 1998. Considéré comme l'idéologue de l'ancien pouvoir, Nuon Chea serait derrière la plupart des purges qui ont ensanglanté le Parti communiste cambodgien.
Quelque deux millions de personnes ont trouvé la mort sous le régime ultramaoïste des Khmers rouges, qui a fait régner la terreur au Cambodge entre 1975 et 1979, vidant les villes au profit des campagnes, imposant le travail forcé et éliminant systématiquement tout opposant. En juillet dernier, Nuon Chea avait affirmé qu'il n'avait pas de sang sur les mains. «Je ne sais pas qui est responsable», avait-il dit. Lors d'une conférence de presse de décembre 1998 confirmant l'accord de paix entre les derniers khmers rouges et le pouvoir à Phnom Penh, Nuon Chea avait prononcé des excuses au peuple cambodgien qui n'avaient guère ému les rescapés du régime. «Naturellement, nous sommes désolés, non seulement pour la vie des gens, mais aussi celle des animaux. Ils sont tous morts, parce que nous voulions gagner la guerre», avait-il dit. Le tribunal spécial, parrainé par l'ONU, s'est mis en place en juillet 2006 à Phnom Penh pour juger des personnes considérées comme les plus responsables des atrocités commises par les Khmers rouges. A ce jour, «Duch» ou Kang Kek Ieu, l'ancien directeur du centre de torture S-21 au lycée Tuol Seng de Phnom Penh est le seul suspect détenu par le tribunal. Il avait été inculpé en juillet de crimes contre l'humanité et transféré à la cour qui l'a incarcéré.
Il s'agissait de la première inculpation jamais prononcée par une juridiction cambodgienne à l'encontre d'un dirigeant du régime qui s'est emparé du pays en 1975. Parmi les autres suspects faisant l'objet d'enquêtes figureraient Khieu Samphan, chef de l'Etat sous les Khmers rouges, et Ieng Sary, l'ancien ministre des Affaires étrangères.
Les premières audiences du procès ne sont pas attendues avant 2008, selon des responsables du tribunal qui a tardé à devenir opérationnel en raison de frictions entre les autorités de Phnom Penh et les Nations unies.
Il s'agit d'un tribunal composé de juges cambodgiens et étrangers. Certaines organisations se sont inquiétées des retards dans le processus, alors que les personnes susceptibles d'être jugées sont de plus en plus âgées. La Suisse soutient le Tribunal de l'ONU à hauteur de 40 000 dollars pour un projet de formation de la police judiciaire rattachée au tribunal. / ats-afp-reuters