«Cette conférence a été un succès. Je ne doutais pas que l'Union européenne saurait faire face à ses responsabilités.» Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, était aux anges à l'issue d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) consacrée à l'après-guerre au Liban, à laquelle il a participé.
Les Vingt-cinq se sont en effet engagés à fournir entre 6000 et 7000 casques bleus supplémentaires à la Force intérimaire des Nations unies (la Finul, qui compte 2000 soldats actuellement), laquelle est déployée depuis 1978 dans le sud du Pays du cèdre, afin de la renforcer et de contrôler la récente cessation des hostilités entre le Hezbollah libanais et l'Etat hébreu.
L'Union formera ainsi la «colonne vertébrale» de la Finul 2, qui comptera «au maximum» 15.000 hommes, aux termes de la résolution 1701 du Conseil de sécurité qui prévoit sa formation. Le chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy, a appelé hier «tous» les autres membres du Conseil de sécurité de l'ONU, ainsi que les pays musulmans, à envoyer eux aussi des forces au Liban.
La France, selon lui, a provoqué un «effet levier» en annonçant, dès jeudi soir, qu'elle porterait à 2000 le nombre de Casques bleus qu'elle déploiera dans le sud du Pays des cèdres - 400 d'entre eux y sont déjà. Hier, l'Italie a promis «jusqu'à» 3000 hommes, l'Espagne entre 1000 et 1200, la Pologne 500 (dont 200 sont déjà sur place), la Belgique et le Luxembourg entre 300 et 400 et la Finlande 250.
Les Casques bleus seront déployés en trois phases. Kofi Annan espère que 3000 à 4000 d'entre eux prendront déjà position «dans les jours à venir».
Plusieurs autres pays de l'UE, tels que la Grande-Bretagne, l'Allemagne, le Danemark ou la Grèce n'enverront pas de troupes au sol au Liban, mais bien des frégates, du matériel de débarquement des avions radars ou encore des avions de reconnaissance. La contribution possible d'autres Etats (République tchèque, Portugal, etc.) est toujours «à l'étude».
La situation s'est débloquée après que les Européens ont reçu des «garanties» sur la chaîne de commandement de la nouvelle mission de l'ONU - la France la dirigera militairement jusqu'à fin de février 2007 et l'Italie lui succédera - ainsi que sur le mandat et les règles d'engagement de leurs troupes.
Les Casques bleus pourront faire usage de leurs armes pour contrer de nouvelles attaques du Hezbollah contre Israël ou de nouvelles incursions israéliennes au Liban. Mais ils «ne seront pas là pour désarmer le Hezbollah», a précisé Kofi Annan. Il appartiendra aux Libanais, qui enverront également quelque 15.000 soldats dans le sud de leur pays, de trouver un «accord politique» pour y parvenir.
De même, le secrétaire général de l'ONU semble exclure l'envoi de soldats de la Finul à la frontière syrienne, afin d'empêcher l'approvisionnement du Hezbollah en armes, car le gouvernement libanais s'y oppose.
Cela n'a pas empêché le M. Politique étrangère des Vingt-cinq, l'Espagnol Javier Solana, d'appeler Israël à lever rapidement le blocus, aérien et naval, qu'il impose toujours au Liban, dans le cadre d'une relance du processus de paix au Proche-Orient.
Les chefs de la diplomatie des Vingt-cinq en débattront les 1er et 2 septembre. Auparavant, la Suède organisera, le 31 août à Stockholm, une conférence internationale sur la reconstruction du Liban. «On ne peut pas laisser le monopole de l'aide aux populations aux forces les plus radicales» du pays (le Hezbollah, en clair), a martelé hier Philippe Douste-Blazy. /TVE