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«L'Etat a sonné la fin de la récréation»

Le monde financier américain est sens dessus dessous. Une faillite bancaire, celle de Lehman Brothers, le rachat d'un autre établissement par un concurrent, Merrill Lynch par Bank of America pour 50 milliards de dollars, l'annonce de la création par dix banques d'un fonds de 70 milliards de dollars pour s'entre-aider. Décryptage.

14 oct. 2008, 18:01

La nuit de dimanche à hier a été exceptionnellement agitée dans le monde financier. «Il ne s'est pas passé autant d'événements en une journée dans toute l'histoire financière depuis le krach de 1929», résume un banquier américain Explications.

Pourquoi ce big bang?

Ce week-end, la crise des subprimes, qui a éclaté il y a maintenant treize mois, a connu un paroxysme. Et un retournement de la politique de l'administration américaine.

Après avoir sauvé successivement Bear Stearns - en mars dernier via un prêt de 30 milliards de dollars de la Réserve fédérale (Fed) - puis Fannie Mae et Freddie Mac, les deux piliers du financement immobilier la semaine dernière via une nationalisation à 200 milliards de dollars -, le Trésor a décidé de ne pas voler au secours de Lehman Brothers, engluée depuis des mois dans les subprimes, qui n'avait réussi ni à trouver de l'argent frais, ni à se faire racheter. «L'Etat a sonné la fin de la récréation», commente Michel Pastré, professeur d'économie et banquier. Il a dit qu'il arrêtait de sauver tout le monde.» «Et il a eu raison», ajoute Bernard Maris, professeur à Paris VIII. «Il faut faire payer les profiteurs et en finir avec le sentiment d'impunité.»

Pour autant, Henry Paulson, le secrétaire au Trésor, ne laisse pas la loi du marché régenter tout le système. Il a piloté la création d'un fonds privé de 70 milliards de dollars, financé par dix grandes banques de la planète, UBS et Credit Suisse comprises, et dans lequel chacun pourrait piocher. Objectif: combattre la crise de liquidité en facilitant les prêts interbancaires.

Quel risque de contagion?

En laissant tomber Lehman, les autorités américaines font le pari que le système financier va pouvoir absorber une telle faillite. «Ce sont des risques considérables», selon Bernard Maris. «Parce que contrairement au Fonds LTCM, sauvé en 1998, Lehman, c'est LTCM puissance 100…» La possibilité d'un dévissage du système est bien réelle, via un double effet domino. Sur les banques d'abord qui, en tant que contrepartie de Lehman, vont afficher des pertes.

Pour les prochains jours, l'alarme viendra surtout du secteur des assurances. American International Group (AIG) a dévissé de 50% hier à Wall Street, les investisseurs craignant une faillite de la part du premier assureur du pays, qui s'est engagé imprudemment à garantir les défauts sur les crédits immobiliers. AIG détiendrait pour 441 millions de dollars de ces produits (appelés Credit Default Swaps) et aurait un besoin urgent de 20 milliards de dollars. S'il ne les trouve pas, c'est le scénario catastrophe qui se profile. /NCO et CLO-Libération

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