Votre publicité ici avec IMPACT_medias

L'ETA «perd» les séparatistes

05 oct. 2011, 09:23

Ils étaient les commissaires politiques d'ETA. Une espèce de police des terroristes, chargée de contrôler leur propre bras politique. Samedi dernier, douze ans après sa création, cette organisation, cet État dans l'ETA, Ekin, a annoncé sa dissolution. Conséquence: la gauche abertzale («patriote»), le prolongement naturel du groupe armé dans les urnes, est désormais plus libre de ses mouvements. Et elle entend bien profiter de cette indépendance pour engranger des succès électoraux.

L'autodissolution d'Ekin a été décidée «après un débat profond induit par le changement de stratégie de la gauche abertzale», ont expliqué sans guère convaincre ses dirigeants. En réalité, tout porte à croire que cette annonce s'est limitée à entériner un état de fait. «Depuis deux ans, Ekin n'était plus qu'un fantôme», analyse Florencio Domínguez, rédacteur en chef de l'agence Vasco Press. Deux maux ont été fatals à la courroie de transmission: «Les opérations policières d'une part, et l'inefficacité de l'organisation d'autre part. En 2009, c'est la gauche abertzale qui a imposé sa stratégie à Ekin, et non l'inverse. Ekin a échoué.»

Célébrer l'unité

Au fil des mois, les héritiers de Batasuna - le parti proche d'ETA dissous par la justice en 2003 - s'organisent, se fédèrent, se multiplient. Leur objectif? Les élections générales du 20 novembre. Car, sans élus, les nationalistes radicaux sont privés de financement et leur existence même est menacée.

Alors, depuis un an, les marques électorales se succèdent... Sortu, Bildu et enfin Amaiur. A chaque étape, la coalition s'ouvre à de nouveaux membres. Sortu, dissous par le Tribunal suprême, ne recrutait que chez les séparatistes historiques. Bildu pour sa part a accueilli deux partis nationalistes opposés de longue date au terrorisme, et s'est emparé en mai dernier de la mairie de San Sebastien, notamment. Enfin, dimanche, une dernière plate-forme est née: Amaiur. Celle-là réunit les trois composantes de Bildu, auxquelles s'est jointe Aralar. Tout un symbole! Aralar a en effet été créée en 2000 par des dissidents de Batasuna décidés... à rompre ostensiblement avec ETA.

Une première victoire

Les séparatistes célèbrent désormais leur unité. «L'objectif de la gauche abertzale est de devenir la première force politique de la région, devant le Parti nationaliste basque (PNV)», explique Karim Asry, correspondant au Pays basque du journal «El País».

De fait, le PNV, modéré, qui a toujours obtenu le plus grand nombre de voix au Pays basque espagnol, est en perte de vitesse. Et pourrait souffrir de la volonté d'hégémonie des abertzales. Déjà bouté du gouvernement régional en 2002 par un accord entre socialistes (PSOE) et conservateurs (PP) espagnols, il observe avec crainte les succès de ses «frères ennemis».

A Madrid aussi, les évolutions unitaires de la gauche abertzale font grincer des dents. Lundi dernier, la numéro deux du PP, Dolores de Cospedal, a accusé le PSOE de «donner des ailes» à l'entourage de ETA. Elle reprochait au président socialiste d'Euskadi (le Pays basque), Patxi López, de défendre le droit des séparatistes radicaux à se présenter aux élections.

Débarrassés des bombes de l'ETA et de ses jusqu'au-boutistes, les indépendantistes désormais hostiles à la violence ont déjà obtenu une première victoire: occuper le débat électoral.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias