Votre publicité ici avec IMPACT_medias

L'autre muraille de Chine

Treize ans après le premier coup de pioche, la construction du gros oeuvre du barrage des Trois Gorges s'achève aujourd'hui. Cet ouvrage colossal aura entraîné le déplacement forcé de plus d'un million de personnes La construction du barrage des Trois Gorges, en Chine, sorte de Grande Muraille sur le fleuve Yangtse, s'achève aujourd'hui. Soit treize ans après le premier coup de pioche de cet ouvrage pharaonique.

21 mai 2006, 12:00

Pour marquer la fin des travaux de génie civil, la cérémonie sera modeste à Yichang, au coeur de la Chine, sur le plus long fleuve du pays (6360 km). Le barrage ne sera opérationnel qu'en 2008, une fois toutes les centrales installées.

Mais la fierté n'en est pas moins immédiate. Et immense. A l'image d'un projet hors normes, destiné d'abord à domestiquer ce fleuve nourricier dont les crues ont fait des centaines de milliers de victimes.

Enorme production

«La plupart des Chinois sont plus fiers de ce barrage que des cosmonautes envoyés dans l'espace, car c'est quelque chose de concret qui peut avoir des conséquences sur leur vie», déclare Yang Chenxi, une étudiante en visite sur le barrage, visiblement impressionnée.

Mais le barrage des Trois Gorges a aussi été conçu pour produire près de 85 milliards de kWh par an d'électricité, acheminable dans un rayon de mille kilomètres, dans un pays à forte croissance économique où les pénuries d'énergie sont chroniques.

Les pourfendeurs du projet soulignent qu'il a déjà obligé plus d'un million de personnes à migrer de force, a détruit une partie d'un patrimoine archéologiques (les Trois Gorges) et pourrait déboucher sur une catastrophe écologique.

Pour Cao Guangjing, vice-président de la China Yangtze Three Gorges Project Development, firme qui supervise un ensemble estimé officiellement à plus de 20 milliards de dollars, le barrage est un succès annoncé.

Un rôle régulateur

«Les avantages dépassent de loin les inconvénients», assure-t-il, balayant d'un revers les critiques sur les risques liés à un séisme une fois le barrage en activité.

«Jamais un réservoir n'a provoqué un tremblement de terre et, si un séisme survenait, le barrage est conçu pour résister à une magnitude de 7 sur l'échelle de Richter», affirme Cao Guangjing.

Les défenseurs de l'ouvrage, dont la construction avait déjà été envisagée il y a presque cent ans par Sun Yat-sen, le père de la République, insistent sur les vies qui seront sauvées et les villes et villages qui seront préservés. «Nous avons de graves inondations tous les dix ans. Avec le barrage, nous estimons que ces catastrophes ne se produiront plus qu'une fois par siècle», prédit Wang Xiaomao, vice-ingénieur en chef de la Commission des eaux du Yangtse.

Sur la rive gauche, 14 groupes de 700 mégawatts (MW) tournent déjà. C'est à côté de cette centrale qu'a été aménagé un ascenseur à bateaux, pour hisser les navires de 3000 tonnes. Les plus gros emprunteront l'écluse à cinq niveaux d'un bras voisin.

8000 personnes à l'oeuvre

Rive droite, 12 autres groupes de 700 MW sont en cours de fabrication et d'installation. Au coeur du barrage, les hommes s'affairent autour des excavations qui accueilleront les turbines de 25 mètres de diamètre.

Quelque 8000 personnes, dispersées dans ces volumes gigantesques, travaillaient encore ces dernières semaines sur un ouvrage qui, au plus fort des travaux, en employait 30.000. / PHA-afp

Votre publicité ici avec IMPACT_medias