L'armée birmane lance des raids dans les monastères

La répression du mouvement démocratique s'est intensifiée hier en Birmanie, faisant au moins neuf morts parmi les manifestants. Les Etats-Unis et l'Asean ont exigé l'arrêt immédiat des violences, Pékin a appelé «à la retenue». Sourd aux appels de la communauté internationale, le régime militaire a lancé dès l'aube une série de raids dans les monastères bouddhistes. Il a arrêté des centaines de bonzes, qui sont à la pointe du mouvement de contestation. Les manifestants, au nombre de quelque 50 000, soit moins que lors de précédents rassemblements qui avaient réuni jusqu'à 100 000 personnes ces derniers jours à Rangoun, ont eux été dispersés violemment par l'armée en plusieurs points de l'ancienne capitale.

28 sept. 2007, 12:00

Les soldats ont menacé par haut-parleurs de tirer à vue sur toute personne qui ne quitterait pas les rues dans les dix minutes. Le bilan de neuf morts, dont huit manifestants, a été donné par la télévision nationale, contrôlée par la junte. La télévision a aussi fait état de onze manifestants blessés, dont une femme, ainsi que 31 membres des forces de sécurité. Selon des témoins et diverses sources, au moins cinq personnes ont été tuées, des dizaines blessées et des dizaines arrêtées. Parmi les victimes figure un photographe japonais abattu près de la pagode de Sule. L'endroit est le point de convergence des défilés de moines qui se sont succédés depuis une semaine à Rangoun. Trois personnes ont aussi été tuées par balles dans un des rassemblements organisés ensuite par des protestataires à la périphérie de la ville. Leurs corps ont été jetés dans un fossé quand l'armée s'est mise à pourchasser et frapper les manifestants, rapportent des témoins.

Un moine bouddhiste a également péri durant les raids nocturnes contre les monastères, selon d'autres témoins. Les religieux ont été frappés à coups de pied et embarqués dans des camions. Certains monastères ont été totalement vidés, à l'exception de quelques moines trop âgés ou malades. Les Etats-Unis et l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) ont exigé dans ce contexte que la junte birmane «cesse immédiatement» de réprimer par la violence les manifestants pro-démocratie.

Prenant des sanctions contre 14 hauts responsables birmans, les Etats-Unis ont aussi appelé les pays ayant de l'influence sur la junte à faire pression sur elle. Un appel qui paraît directement adressé à des Etats comme la Chine ou l'Inde. / ats-afp-reuters