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Juncker dénonce l'«arrogance» de la France et de l'Allemagne

Le premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a dénoncé hier l'«arrogance» avec laquelle des pays comme la France et l'Allemagne s'acharnent contre le secret bancaire. Dans un entretien au «Temps», il exige que la Grande-Bretagne et les Etats- Unis se montrent également irréprochables.

19 mars 2009, 04:15

«Je suis personnellement très inquiet de la surrenchère actuelle (...). Il y a là non seulement de l'exagération mais une arrogance et une condescendance perturbante. Ce matraquage me dérange car il s'appuie sur une imposture en associant secret bancaire et paradis fiscal», déclare Jean-Claude Juncker dans cette interview publiée hier.

«Humilier ainsi des pays voisins européens est inacceptable et pourrait engendrer des gestes de refus», s'indigne le premier ministre luxembourgeois. Selon lui, à partir du moment où le G20 décide d'examiner en détail le paysage des paradis fiscaux, ses membres se doivent «d'être irréprochables». Jean-Claude Juncker demande notamment que la question des trusts britanniques soit prise en compte dans la révision de la directive de l'UE sur la fiscalité des revenus de l'épargne. «Le Royaume-Uni ne peut pas continuer à protéger du fisc de leur pays d'origine les grandes fortunes d'Europe», souligne-t-il. A ses yeux, le fait que le G20 ait songé à inclure la Suisse et le Luxembourg dans une liste noire, «sans y mettre des Etats américains tels que le Delaware, dont les LLC (Limited Liabilities Compagnies) sont soustraites à toute forme d'imposition», est tout bonnement «aberrant». «La morale, en matière de régulation financière, n'est crédible que si elle est intégrale. Le courage, je le dis à l'attention de la France et de l'Allemagne, doit être international», insiste le premier ministre, assurant qu'il exigera «des actes» lors du prochain sommet européen les 19 et 20 mars.

Concernant l'assouplissement du secret bancaire, Jean-Claude Juncker nie que la Suisse ait été mise devant le fait accompli par l'Autriche et le Luxembourg. «La Suisse n'est pas assiégée. Le fait est qu'en Europe, 25 Etats membres de l'UE pratiquent aujourd'hui l'échange d'informations et qu'ils font monter la pression», explique-t-il.

Jean-Claude Juncker assure que le Luxembourg intégrera les intérêts de la Suisse dans les renégociations sur la fiscalité de l'épargne. Selon lui, son pays ne cédera pas sur le principe d'équivalence entre la retenue à la source - également pratiqué par la Suisse - et l'échange automatique d'information «tant que ce dernier n'aura pas fait l'objet d'une rigoureuse évaluation». «L'influence de la Confédération dans ces débats européens est incontestable», affirme-t-il. /ats

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