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"Jamais je n'oublierai ce jour!" 15 ans après, vos témoignages sur le 11 septembre

Le 11 septembre 2001 semble échapper à la temporalité. 15 ans après la tragédie, de très nombreux lecteurs ont répondu à notre appel à témoin et nous ont confié avec beaucoup de précision comment s'est déroulée leur journée.

11 sept. 2016, 13:05
/ Màj. le 11 sept. 2016 à 19:30
L'onde de choc, partie de New York, a durablement ébranlé le monde entier.

Suite à un appel à témoins, notre rédaction a été surprise du très grand nombre de messages reçus. Nous remercions toutes les personnes qui ont partagé leur vécu personnel de cette journée décidément très marquante.

Même si chaque récit est unique, de gros points communs muent les expériences individuelles en vécu collectif.

 

Le déni: "J'ai cru que c'était un film"

Les attentats du 11 septembre étaient tellement impensables, irréels, que la majorité des témoins racontent n’y avoir d’abord pas cru, comme un déni de l’horreur.

Les personnes qui ont entendu la nouvelle à la radio ont pensé à une farce ou une émission humoristique.

« Mon esprit tournait à 100 à l'heure et je me disais: mais on n'est pas le 1er avril», se rappelle Anne qui conduisait dans les rues de Lausanne. « Après, comme tout le monde, tv, images en boucle, horreur et la fin d'une sorte d'innocence. »

Michel, lui, était persuadé qu’il s’agissait d’un canular radiophonique, un « remake de l'émission de Orson Welles sur l'invasion des martiens... »

Même ceux qui ont vu les images déferler sur leur poste de télévision n’ont pas tout de suite réalisé. « J’ai cru que c’était un film de fiction », a été une réaction récurrente dans les témoignages.

Nathalie se trouvait en vacances au Canada : « je prenais mon petit déjeuner dans un restaurant et il y avait des télévisions. Je regardais CNN sans trop faire attention à ce que je regardais. Je trouvais bizarre qu’ils mettent un film alors que normalement ce ne sont que les infos... »

Fabrice, alors dans un kiosque Naville à Crissier, se souvient s’être même dit que « ce nouveau film d’action avait l’air plutôt sympa. »

Patricia rentrait chez elle lorsqu'elle a été attirée par un téléviseur dans une vitrine. "J'ai cru à un film de fiction car je n'avais pas le son. J'ai regardé et la même image revenait plusieurs fois. Donc cauchemar et pas film. Ça me restera jusqu'à...ce que ma mémoire me quitte."

 

 

Le choc: "Je suis restée scotchée"

Pour d’autres, la vue des images à la télévision a été un choc immédiat, parfois très violent. « Je suis tombée à genoux, se souvient Maeva. Je n'ai jamais été autant marquée par un événement… »

« Je me souviens que pendant plusieurs minutes, le temps s'est littéralement arrêté pour moi, confie M. Crettenant. Les personnes me parlaient et je ne réagissais pas. »

Sara, en répétition d’un spectacle à la Cité Universitaire de Genève, regardait distraitement la télévision de la cafétéria. « Lorsque j'ai vu la scène des tours jumelles, j'ai ouvert grand les yeux et la bouche. Je me souviens parfaitement de mon expression. Je suis restée longtemps ainsi hébétée. »

Daphné rentrait des cours au gymnase de Bienne :« J'allume la tv, et je tombe droit sur les avions qui se crashent sur les tours. Rts1. Je suis restée collée sur l'écran jusqu'à 1h du matin, sans dire un mot. Et me rappelle uniquement du journaliste, Xavier Collin, qui nous a directement informés que c'était très certainement Oussama Ben Laden derrière tout ça. »

Certaines personnes en ont oublié tout le reste… même leurs enfants ! Edith, maîtresse d’école, a longtemps attendu la maman d’un de ses élèves: « elle était restée scotchée devant sa télévision. » Coralie, qui fêtait ce jour-là ses 9 ans, s’en souvient aussi très bien : « J'attendais mon gâteau d'anniversaire et mes cadeaux, mais mes parents étaient scotchés devant la télé.»

 

 

L'incompréhension: supporter l'horreur, en famille

Dans un moment de tragédie, c’est vers la famille que l’on se tourne immédiatement, ce qui apparaît clairement dans les témoignages. Se retrouver pour se soutenir, expliquer aux enfants l’inexplicable, interroger ses parents sur l’incompréhensible.

Gilles, président du syndicat des enseignants à Genève, a été alarmé au travail par ses filles paniquées. « Je les ai rejointes afin de les calmer et les rassurer, et aussi afin d’essayer de comprendre ensemble cette catastrophe. »

Aux Hauts-Geneveys, Francis a fait de même: « je suis rentré chez moi auprès de ma famille pour regarder la suite des événements, tenter de répondre aux questions de mes enfants, et pleurer de douleur.» 

Le rôle des parents devient primordial dans ce genre de situations traumatisantes, comme l’explique Priscilla : « Je regardais Tom & Jerry. Ils ont coupé pour montrer l'attentat... J'étais petite et ça m'avait traumatisée. Heureusement ma mère était là. »

Plusieurs enfants, à qui le drame échappait, ont surtout été marqués par la réaction des adultes.

« Ce n’est que le soir, quand j’ai vu mon papa la larme à l’œil que j’ai compris que c’était grave», raconte Jeremy.

Elyse, elle, avait 11 ans et rentrait de l'école. « Je me rappelle de ma mère assise à la table du salon, en larme, au téléphone avec ma tante et lui disant que cette fois-ci c'était la fin du monde. Je n’oublierai jamais ce jour. »

À 12 ans, Marie a été marquée par la réaction de son père.

« Il est rentré du travail affolé et nous a dis: "ils lancent des avions contre des tours". Je me souviens de ses mots, de son visage et de son angoisse. Étant maman aujourd'hui je comprends ce que mon père pouvait ressentir. Je redoute le jour où je devrais parler d'attentats à mes filles... »

 

 

"Soudain, la communication s'est coupée..."

Certains de nos témoins étaient directement impliqués par les attentats. Sur place, proches à New York, ou même liaison directe avec une personne dans les tours…

C'est de cas de Valeria qui, depuis son travail à Genève, s'entretenait avec une personne dans le WTC1: « La communication s'est coupée... Je suis descendue au bar et j’ai vu en direct quand la 2e tour est tombée. Avec mes collègues nous étions tous sous le choc... »

Christel, qui travaillait dans une société boursière à Lausanne, nous a fait part d'un témoignage tout aussi glaçant : « L’un de mes collègues était au téléphone avec un collègue américain dont les bureaux du siège social se trouvaient au WTC. Soudain, mon collègue n'entendait plus personne à l'autre bout du fil, ni sur nos écrans... Nous avons vu en même temps un premier avion puis un second. On pensait être victimes d'une plaisanterie mais quelques secondes plus tard, nous nous sommes tous regardés et le silence régnait dans toute la pièce. Certains sont sortis pleurer et d'autres étaient tétanisés, comme figés. Nous étions impuissants. J'ai quitté la société quelques semaines après. »

Raymond, de Muraz, était en vacances, à quelques centaines de mètres des tours jumelles avec sa future épouse: « Nous avons aidé une dame à rejoindre une école du quartier pour rechercher son fils. Sensation incroyable de se retrouver au milieu des rues couvertes de débris et de poussière, aucune signalisation routière ni panneau lumineux et les rues envahies de piétons fuyant la zone. »

Fanny entamait son 1er jour d'université aux États-Unis: "juste eu le temps de m'installer dans l'amphithéâtre avant l’évacuation de tous les bâtiments, des bouchons sur les routes et toutes les communications téléphoniques coupées... »

Vanessa, elle, avait son époux sur place : « J'ai vécu des heures angoissantes jusqu'à ce qu'enfin j'ai pu entendre sa voix vers 23h... »

Dans un avion qui atterissait à Moscou, Christelle a côtoyé un monsieur qui « pleurait toutes les larmes de son corps car sa fille bossait dans les tours... » 

Nombreuses sont les personnes qui avaient des souvenirs sur place, pour certains très récents…

« Le choc était d'autant plus important car une semaine auparavant nous étions à NY pour quelques jours. Au pied de ces tours... », se rappelle avec effroi Steve.

 « Je me souviens avoir tout de suite pensé à mes parents qui étaient rentrés durant le week-end et qui se trouvaient au sommet des tours le 7 septembre 2011. Il m'a fallu du temps pour réaliser», raconte M. Crettenand, avant d'ajouter: « Il en a fallu encore plus à mes parents qui ne croyaient pas que les visages, les regards qu'ils avaient croisés 4 jours plutôt n'étaient probablement plus de ce monde. »

 

 

Arrêt sur images

Que nos témoins aient été au travail, en ballade ou à la maison, tous racontent que le temps s’est figé, et les gens avec.

Caroline rapporte: « au boulot, ma collègue d'à côté a crié : "Un avion s'est écrasé sur le WTC!" On a tous été en salle de conférence voir CNN... On est tous rentrés chez nous... Ma fille de 2ans et demi disait : "sont cassées les maisons, sont cassées !" »

« J'étais au boulot à Jumbo Marin. Tout à coup, certains clients se sont précipités au rayon auto-shop pour écouter la radio sur le présentoir des autos-radios !! C'est seulement en rentrant à la maison le soir que j'ai vu les images et compris. » (Gilles)

Viviane a été surprise durant une conférence de presse au château de Prangins: « nous présentions un livre aux journalistes. La salle s’est vidée en 30 secondes et nous n’avons pas compris tout de suite ce qu’il se passait.  »

Filou travaillait comme maître-nageur à Aquaparc: « quand les informations sont arrivées, tout le monde est sorti du bassin pour regarder. Impressionnant. »

Tobie, une Sédunoise, se trouvait à la gare de Zürich. « J'ai vu une masse de gens qui s'agglutinait devant l'entrée de la brasserie. Là un grand silence inhabituel régnait, les gens regardaient tous dans la même direction, et là, une image apparaît à mes yeux: la tour infernale. »

Nicolas travaillait dans une boucherie à Erde. Il se souvient parfaitement préparer un émincé vers 15 heures lorsque la radio annonça le drame: « nous avons été abasourdis par les nouvelles, nous ne comprenions plus rien, il y avait comme une impression d'arrêt dans le temps, de fin du monde. Le WTC ! Nous en parlions avec les clients, incrédules. 15 ans plus tard, c'est comme si c'était hier ! »

 

 

Jamais je n’oublierai

Si nous avons reçu toutes sortes de témoignages, un seul se remarque par son absence. En effet, aucune personne n’a dit : « Je ne me souviens plus ». Au contraire, les phrases qui sont revenues le plus souvent sont: « Jamais je n’oublierai ce jour » et « Je m’en souviens comme si c’était hier ». À croire que l’événement échappe à toute temporalité.

 « Les sentiments de colère et de tristesse sont toujours présents. Jamais nous ne pourrons oublier... » (Vincent)

 « Je me souviens de cette terrible nouvelle comme si c’était hier. Ma femme et moi étions en voiture entre la Fouly et Martigny. A Orsières J’ai reçu un appel de notre fille “ New York brûle! ”. Jamais je n’oublierai ces horribles instants.» (Jean-Pierre)

« Ces images ne se sont jamais effacées de ma mémoire, je me souviens d'avoir prié longtemps pour les victimes blessées, les gens en deuil, les sauveteurs, le personnel soignant et pour toutes ces personnes impliquées ...» (Arianne)

Francis, des Hauts-Geneveys, résume bien le sentiment collectif: « le 11 septembre 2001 est un des rares jours de notre vie dont nous nous rappelons précisément le déroulement depuis que le premier avion a frappé le WTC. Sans doute rien de très original dans ce que je relate, mais le simple fait d'y repenser éveille des sentiments si forts que j'ai l'impression que tout cela s'est déroulé hier. »

 

 

L’après 11 septembre

Sur le moment, nombre de personnes disent avoir cru à l'éveil d'une 3e guerre mondiale. Au point que Marc est allé faire des provisions de secours en cas d'aggravation de la situation.

Plusieurs de nos lecteurs ont également confié leur vision du 11 septembre avec le recul des 15 dernières années. Le constat n’est pas réjouissant.

« Le monde a basculé depuis », constate amèrement Christiane.

​« En réalité, la crise n'est pas terminée, Daesh est le résultat direct de tout ce qui a suivi ces événements ...»

Daphné, à Bienne, a récemment compris que l'horreur pouvait frapper plus près: « je ne pensais vraiment pas que ça allait toucher mes amis proches. Une amie d'enfance a perdu 18 personnes au Bataclan. On se croit "intouchable", que tout ce que l'on voit à la télé ça ne peut nous atteindre, en fait... »  

David regrette les conséquences des attentats sur la politique mondiale: « Je me souviens avoir eu comme tout le monde le côté émotionnel de tristesse et d'incompréhension puis quand j'ai vu à quoi cela a servi (invasion de l'Afghanistan et de l'Irak, mise en place du plus grand système d'espionnage des citoyens du monde entier), je me suis dit qu'une fois de plus, on nous a pris pour des cons. »

 

 

Mais encore...

Voici encore quelques témoignages bruts en bonus:

"J’effectuais un stage de découverte chez Valser. Tout avait pourtant bien commencé. J’allais sur Payerne. Je regardais le beau ciel bleu et je voyais des traces blanches d’avion... À  ce moment bien précis, jamais je n’aurais pensé que cette journée serait dramatique." (Alexandre de Las Vegas)

"J'étais à l'armée, en paiement de galons, juste avant de nous dire que c'était peut-être le début d'une guerre...." (Thierry)

"J’étais venu en Suisse en vacances et je devais rentrer chez moi 2-3 jours après. À cause des attentats, mes parents ont eu peur de me remettre dans un avion. Je suis définitivement resté en Suisse." (Sergio)

"Je mangeais une pomme." (Vincent)

"J’étais au travail et le concierge est venu nous annoncer : "Il y a un con de pilote avec son Boeing, il a ramassé un building en plein New-York!"Il n'est pas revenu pour la 2e tour. Il s'est douté de quelques chose." (Jak)

"Enceinte de mon deuxième enfant. Devant la télé, petite pause toilette et en revenant, le film avait changé... Je n'en croyais pas mes yeux!" (Sophie)

"On papotait avec les voisins, dans le jardin. Puis, le soleil, on ne l’a plus vu... On a arrêté de rigoler, on a pleuré..." (Valerie)

"Je venais de dire adieu à un copain décédé d'une crise cardiaque à l'âge de 40 ans. J'étais dans un magasin pour essayer de me changer les idées et ne plus penser." (Dominique)

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