Ne pas baisser la garde. Cette maxime qui tourne en boucle en société depuis le début de l’épidémie de Covid-19 est aussi valable par ricochet sur les lacs et rivières du pays. A la différence qu’elle concerne surtout les accidents en milieu aquatique. Dès le retour du soleil, les gens sortis de confinement se sont jetés à l’eau. Certains relâchent la vigilance, négligent les risques, comme un réflexe libérateur après plus de deux mois de vie sociale sous cloche.

«De plus en plus de baigneurs ou d’amateurs de lacs et de rivières ne respectent et ne suivent pas les règles, recommandations et signaux», observe Letizia Paladino, porte-parole de la police cantonale bernoise. Cette indiscipline est d’autant plus perceptible que la fréquentation des eaux libres augmente fortement cet été. Comme une grande partie de la population passe ses vacances en Suisse, ils sont nombreux à se ruer sur les lacs, rivières et étangs.

Croix-Rouge suisse on Twitter

De quoi préoccuper la Société suisse de sauvetage (SSS) et le Bureau de prévention des accidents (BPA) qui craignent un «surrisque» de noyade cette année. «La grande différence avec les années précédentes, c’est le nombre de personnes qui vont se baigner en eaux libres», souligne Philipp Binaghi, porte-parole de la SSS. «Comme certaines piscines en plein air doivent réduire leur capacité d’accueil en raison des mesures sanitaires, les gens délaissent cet environnement ‘protégé’ pour aller nager dans les rivières ou les lacs.»

Les 15-30 ans plus à risque

Pour le porte-parole, «il est nécessaire que les gens sachent quelles mesures de précaution ils doivent suivre. Il en va de leur sécurité personnelle dans l’eau». Un message destiné en particulier à une catégorie de population plus exposée au risque de noyade: les jeunes hommes âgés de 15 à 30 ans. «Ce sont ceux qui prennent le plus de risques», reconnaît Philipp Binaghi. La SSS a lancé le projet «Covid-Eté 2020» pour diffuser des conseils de sécurité aquatique et sensibiliser le public via les campagnes baptisées «Save your friends» («Sauvez vos amis», pour les 15-30 ans) ou «Aare you safe?» (pour les baigneurs de la rivière bernoise). Nouveauté cette année: des patrouilles de prévention sillonneront les lieux de baignade publics.

Croix-Rouge suisse on Twitter

Sur les 49 noyades recensées l’an passé, 48 l’ont été dans des eaux libres. Et les chiffres actuels suivent la même courbe. «Dans 80 à 90% des cas, une règle n’a pas été respectée», insiste Philipp Binaghi. «Il faut absolument suivre les recommandations de la SSS sur la baignade dans les cours d’eau et dans les lacs.» Les principales consignes de base? Seuls les bons nageurs s’aventurent dans des eaux libres. Ne jamais sauter dans l’eau après un bain de soleil prolongé, ni plonger ou sauter dans des eaux troubles ou inconnues.

L’art de nager dans l’Aar

Exemple type d’une rivière qui peut être traître: l’Aar. Le courant peut piéger les baigneurs et bateaux pneumatiques qu’elle draine. Le premier week-end de juillet, la police est intervenue à plusieurs reprises entre Thoune et Berne pour secourir les occupants de bateaux pneumatiques en difficulté ou qui ont chaviré. «La puissance et le danger de l’eau sont souvent sous-estimés», relève Letizia Paladino. «Même sur un fleuve apparemment paisible, des dangers invisibles se cachent. Il faut savoir les reconnaître et les éviter.»

Autre recommandation basique: ne pas présumer de sa condition physique. Président de la Société internationale de sauvetage du Léman, Olivier Durgniat peut en témoigner: «Il y a de la négligence de la part des utilisateurs de paddle qui évaluent mal leur capacité de résistance. Les gens ne respectent pas tous l’obligation de mettre un gilet de sauvetage au-delà de 300 mètres de la berge.»

Du travail pour les sauveteurs qui doivent aller récupérer des inconscients à plus d’un kilomètre de la rive. Comme cette femme portée disparue, il y a quelques semaines, alors qu’elle faisait du paddle au large de Vevey. «Elle a été retrouvée épuisée et en état de légère hypothermie. Quand la bise souffle, il est difficile de remonter sur le paddle», assure le président. D’où l’importance du port permanent du gilet de sauvetage recommandé également pour le surf ou le kayak.

Italie: un touriste suisse se noie en Sardaigne

Lundi matin, un touriste suisse a perdu la vie pendant une baignade, dans le sud de la Sardaigne. L’homme n’a pas pu être sauvé par les secours, déjà sur place.