La polémique a enflé lundi en Australie. Les autorités y sont accusées d'avoir versé plusieurs milliers de dollars à des passeurs de migrants pour qu'ils fassent demi-tour vers l'Indonésie.
Le gouvernement australien oppose une politique de très grande fermeté aux migrants. Il stoppe les bateaux des trafiquants et expulsant les demandeurs d'asile vers des centres de rétention installés très loin des côtes australiennes, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et sur l'île de Nauru.
La polémique en cours a éclaté à la suite des déclarations du capitaine d'un navire et de deux membres d'équipage soupçonnés de se livrer aux trafics d'humains. Ils ont affirmé à la police indonésienne que les autorités australiennes leur avaient versé à chacun 5000 dollars australiens (environ 3600 francs suisses) pour qu'ils fassent demi-tour et ramènent vers les côtes indonésiennes les 65 migrants qu'ils acheminaient vers l'Australie.
La semaine dernière, la ministre australienne des Affaires étrangères, Julie Bishop, et son collègue chargé de l'Immigration, Peter Dutton, avaient démenti ces accusations. Mais lors d'un débat mouvementé lundi au Parlement, ils n'ont pas réitéré leurs dénégations.
Silence du gouvernement
Le Premier ministre, Tony Abbott, n'a fait pour sa part aucun commentaire. L'opposition a haussé le ton, le dirigeant du Parti travailliste, Bill Shorten, estimant que le silence du chef du gouvernement risquait d'encourager les réseaux de passeurs.
"En s'abstenant de démentir les informations selon lesquelles des trafiquants criminels peuvent être payés jusqu'à 30'000 dollars australiens (environ 21'700 francs suisses), le gouvernement n'est-il pas en train de créer des incitations financières pour ces traversées dangereuses ?", a-t-il demandé au Premier ministre lors du débat.
La sénatrice écologiste Sarah Hanson-Young a réclamé de son côté l'ouverture d'une enquête de la police fédérale.
Réactions internationales
Sur le plan international, l'affaire crée également des remous. Samedi, le ministre indonésien des Affaires étrangères, Armanatha Nasir, a estimé que si ces accusations étaient vérifiées, alors cela signifierait que l'Australie est "tombée encore plus bas".
Les relations entre les deux pays, mises à mal par l'exécution fin avril de deux Australiens condamnés à mort pour trafic de drogue en Indonésie, se relevaient à peine.
Antonio Guterres, Haut Commissaire des Nations unies pour les Réfugiés, a souligné lui qu'il était inacceptable de rémunérer des réseaux criminels. "Nous devons réprimer le trafic et les trafiquants en les emprisonnant ou en les jugeant, et non pas les payer", a-t-il dit au micro de la BBC.