Un gigantesque incendie, apparemment volontaire, a ravagé lundi le camp de réfugiés et de migrants de Moria, à Lesbos. Aucune victime n'était rapportée en début de nuit, mais le feu a "presque entièrement détruit" les tentes sur le site.
Les conteneurs servant d'hébergement ou de bureaux ont été endommagés, a indiqué une source policière à l'AFP. Des milliers de personnes ont dû fuir dans les champs alentour pour échapper aux flammes.
"Entre 3000 et 4000 migrants ont fui le camp de Moria", a déclaré cette source policière, soulignant que des vents puissants attisant les flammes ont rendu la situation "difficile" à maîtriser, dans un premier temps. Elle a indiqué n'avoir "aucun doute" sur le fait que l'incendie avait été allumé volontairement par des migrants.
Les pompiers ont dans un premier temps eu du mal à intervenir en raison de bagarres ayant éclaté dans le camp entre groupes rivaux de nationalités différentes, selon des sources concordantes. Une fois à l'intérieur, ils ont néanmoins réussi à maîtriser le feu.
La police est ensuite partie à la recherche des migrants, et plusieurs centaines ont regagné le camp.
60'000 réfugiés en Grèce
La tension est grande aussi sur les autres îles d'arrivée des réfugiés (Chios, Samos, Leros, Kos...). Au total sur toutes les îles d'arrivée, Lesbos comprise, il y avait lundi 13'536 personnes pour 7450 places.
Il y a désormais plus de 60'000 migrants et réfugiés en Grèce. Ceux qui ne sont pas sur les îles, consignés en vertu de l'accord UE-Turquie, sont généralement coincés en Grèce continentale par la fermeture de la frontière macédonienne au début mars.
Ceux-là attendent également l'asile, soit en Grèce, soit dans un autre pays européen par voie de relocalisations, dont le nombre est environ dix fois inférieur aux promesses.
Les groupes de défense des droits de l'homme ont critiqué à de multiples reprises les conditions dans les camps de migrants grecs, et notamment leur surpopulation et souvent des conditions de vie peu hygiéniques. Les bagarres, parfois mortelles, y sont fréquentes entre migrants anxieux sur leur sort.
L'incendie de Moria se produit alors qu'au même moment les 193 pays de l'ONU promettaient à New York de tenter d'améliorer le sort de millions de réfugiés dans le monde, mais sans se fixer d'objectifs chiffrés.
Le premier ministre grec Alexis Tsipras a souligné lors de ce sommet que ne pas régler cette crise migratoire "encouragerait les forces nationalistes et xénophobes à relever la tête pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale".