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Grèce: entre crise économique et rêve olympique

Huit ans après les JO d'Athènes, les Grecs, aux prises avec leur effroyable crise économique, ont du mal à avoir encore des rêves, fussent-t-ils olympiques. Sauf peut-être, le rêve fou d'accueillir un jour les Jeux de façon permanente, sur la terre où ils sont nés.

07 août 2012, 11:56
Reconstitution de la cérémonie d'allumage de la flamme olympique de la Grèce antique au Mont Olympe en 2001.

«Les Grecs ont très peu envie de regarder les Jeux» de Londres, regrette Matteos Theodoridis, 25 ans, un ancien boxeur devenu agent de voyage. «Ces Jeux représentent tout pour moi. Tout. J'aurais tant aimé y aller, mais je ne peux pas. C'est un rêve que je n'ai pas pu réaliser» a-t-il néanmoins confié à l'AFP.

«Il est certain qu'il n'y a plus l'intérêt que l'on trouvait dans le passé», a écrit l'éditorialiste Giannis Koukoulas dans le quotidien «Kathimerini». «Peut-être parce que nous n'attendons pas grand chose côté médaille. Plus probablement, parce que les Grecs font face à tellement de problèmes immédiats de vie quotidienne qu'ils ne leur reste guère de temps pour penser à qui va remporter une médaille».

La délégation grecque à Londres compte seulement 103 personnes. Plusieurs athlètes ont évoqué leurs difficultés pour s'entraîner, et le manque de moyens dans un pays ruiné, qui s'est saigné aux quatre veines pour accueillir les Jeux en 2004. La Grèce est parvenue à décrocher deux médailles de bronze jusqu'à présent à Londres: en judo avec Ilias Iliadis, et en aviron, avec le duo Christina Giazitsidou et Alexandra Tsiavou. Dans les profondeurs au classement des médailles, elle devançait  lundi d'une longueur des pays comme l'Arabie Saoudite, l'Argentine, le Qatar et la Turquie voisine.

Des problèmes à foison

A Athènes, même si tous les bars ont allumé leurs postes de télévision sur la chaîne publique qui retransmet les épreuves en direct, les conversations tournent plus souvent sur la canicule qui étouffe la ville ou le moyen de faire face aux feuilles d'impôts qui arrivent dans les boîtes aux lettres que sur les JO. Il est vrai que ces Jeux ont mal commencé pour les Grecs. Un sauteur en hauteur, tenant du titre mondial en salle et espoir de médaille, Dimitris Chondrokoulis (24 ans), a été exclu après un contrôle positif au stanozolol (stéroïde anabolisant). Les éditions  2004 et 2008 avaient déjà été marquées par de retentissants cas de dopage grecs.

En outre, deux jours avant l'ouverture, la spécialiste du triple saut Voula Papachristou (23 ans) a été exclue par son Comité olympique pour des propos racistes sur Twitter, jugés «contraires aux valeurs et aux idéaux du mouvement olympique». L'athlète, qui a difficilement accepté la sanction, s'en est alors prise aux «conditions inacceptables» dans lesquelles les sportifs grecs s'entraînent. «Il n'y a pas de chauffage et pas d'eau chaude pour prendre une douche en hiver, pas d'air conditionné en été et des salles d'entraînement sordides avec des équipements délabrés» a-t-elle dit à l'hebdomadaire «Athens News».

Des JO permanents?

Mais au pays de l'Olympisme, certains continuent de rêver. «Pour moi, les Jeux olympiques sont la plus belle chose qui soit. Je suis heureux qu'ils existent et j'espère qu'ils reviendront en Grèce», avoue à l'AFP Periclès Anastasis, 42 ans, ouvrier du bâtiment au chômage qui habite l'ancien Village olympique transformé en logements sociaux.

L'idée d'un retour permanent de l'événement en Grèce vient tout juste d'être relancée par le quotidien «Kathimerini», selon lequel le coût de l'organisation des Jeux peut «avoir des conséquences négatives à long terme» pour les pays hôtes. Fin 2011, le président du CIO, Jacques Rogge, avait reconnu que la dette extérieure du pays avait augmenté «de 2 à 3%» (...) en  raison du coût des Jeux«, d'un montant de 13 milliards d'euros (environ 20 milliards de francs) à l'époque.

«A un certain moment, les responsables vont devoir discuter de la possibilité de trouver une résidence permanente pour cet événement», a estimé le journal en rappelant la proposition de feu Constantin Caramanlis, ancien Premier ministre, d'organiser les Jeux près de leur lieu de naissance, à Olympie.

Cette idée a été reprise cette semaine par Nicos E. Devletoglou, professeur d'économie à la retraite de l'Université d'Athènes, dans le magazine américain «Forbes». «Cette zone unique de l'Olympie antique avec sa beauté naturelle devrait être reconstruite en tant que nouvelle entité olympique semi-autonome». Elle serait la «propriété collective» des nations participant aux Jeux et pourrait bénéficier d'un statut extra territorial, comme celui des  monastères du mont Athos.

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