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France: feu vert à la pénalisation des clients de prostituées

C'est par 268 voix contre 138 que les députés français ont adopté mercredi une proposition de loi qui sanctionne les clients de prostituées d'une amende de 1500 euros.

04 déc. 2013, 17:35
prostituée

Les députés français ont adopté mercredi une proposition de loi qui sanctionne les clients de prostituées d'une amende de 1500 euros. Cette décision place la France dans les pas de la Suède ou de la Norvège, pays précurseurs en la matière. Le texte doit encore franchir l'étape du Sénat, en principe d'ici à la fin juin.

Ce texte de lutte contre la prostitution, contesté par une partie de l'opinion publique et les "travailleurs du sexe" eux-mêmes, a été approuvé par 268 voix contre 138.

La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a salué cette adoption comme l'aboutissement d'"un long parcours semé d'embûches à chaque pas".

Tous les groupes avaient laissé la liberté de vote à leurs députés sur cette proposition de loi socialiste qui reprend un engagement de François Hollande et qu'a soutenu Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Droits des femmes.

Les groupe socialiste et Front de gauche ont, dans leur immense majorité, ont voté pour. Les groupes écologiste et des radicaux de gauche ont majoritairement voté contre, de même que l'UMP, les centristes de l'UDI étant divisés.

"Stage de sensibilisation" prévu

Le texte s'inspire de l'exemple de la Suède, où les clients sont pénalisés depuis 1999, ce qui a réduit de moitié de la prostitution de rue en dix ans.

Alternative à l'amende ou sanction complémentaire, un "stage de sensibilisation à la lutte contre l'achat d'actes sexuels" est prévu.

Le texte prévoit par ailleurs des mesures d'accompagnement social et professionnel pour celles qui veulent renoncer à la prostitution. Le gouvernement s'est engagé à mettre 20 millions d'euros par an sur la table pour financer ce "parcours de sortie de la prostitution".

Globalement en Europe, deux politiques sont appliquées avec plus ou moins de succès : la sanction des clients ou des prostituées, notamment dans les pays nordiques, ou l'organisation de la prostitution, en particulier dans les maisons closes, comme en Allemagne et en Grèce.

Fragiliser encore plus les prostituées

Les écologistes, qui font partie de la majorité, et une grande partie de l'UMP ont rejeté le texte pour des raisons diverses. La co-présidente du groupe écologiste, Barbara Pompili, a dénoncé la pénalisation des clients qui, a-t-elle dit, risque "de fragiliser encore plus les personnes prostituées", un argument repris par les syndicats de prostituées.

Pour le radical de gauche Alain Tourret, qui reprenait des propos de la sociologue Elisabeth Badinter, "l'Etat n'a pas à légiférer sur l'activité sexuelle des individus". L'UMP Marie-Louise Fort a regretté la suppression du délit de racolage, une mesure qui avait été réintroduite par la droite en 2003.

Dans une société à peine remise de ses divisions sur un autre débat touchant la sexualité, celui du droit au mariage des homosexuels, les "pro" et "anti" pénalisation se sont affrontés à coup de lettres ouvertes et de pétitions allant jusqu'à la provocation sur un sujet tabou alimentant les fantasmes depuis la nuit des temps, entre légalisation des maisons de prostitution en 1804 et fermeture des maisons closes il y a près de 70 ans.

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