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Foule énorme contre le nucléaire

23 mai 2011, 11:13

La prairie en marge de la zone industrielle de Kleindöttingen, dans un coude de l'Aar, s'est remplie tout au long de la matinée de groupes colorés, portant les drapeaux jaunes avec les inscriptions «Sortons du nucléaire», «Le nucléaire, non merci» ou des slogans librement imaginés comme «Pas d'uranium dans nos géraniums».

Les 148 organisations de Suisse, de France, d'Allemagne et d'Autriche participant au collectif «Sortons du nucléaire» ont réussi leur pari: faire de la protestation d'hier la plus grande manifestation antinucléaire en Suisse depuis 20 ans, événements ponctués de discours et de mini-concerts.

Autre pari réussi: pas une escarmouche, pas une tension n'était perceptible dans la foule pacifique et multigénérationnelle. Seules quelques bousculades ont eu lieu sur le quai de gare de Döttingen, le village voisin, quand les manifestants, venus majoritairement en transports publics, ont voulu reprendre des trains bondés. Mais, exceptés les cafés et boulangeries ouverts hier, les habitants semblent s'être calfeutrés chez eux.

Certains des 20000 manifestants disent s'être fait siffler. La Suisse antinucléaire est ici en terrain «ennemi», comme dit un marcheur: les villages argoviens autour des deux réacteurs Beznau, plantés un peu plus haut dans un autre coudre du fleuve, et de Leibstadt, située en aval, vivent majoritairement des centrales nucléaires.

De nombreux politiciens ont fait le déplacement, comme Marie-Thérèse Weber-Gobet, conseillère nationale fribourgeoise PCS, ou Guy Morin, conseiller d'Etat écologiste de Bâle-Ville. La Verte libérale vaudoise Isabelle Chevalley rappelle que son groupe Ecologie libérale «est né du mouvement antinucléaire, donc il est normal que nous soyons là. La pression populaire est en train de monter», estime-t-elle. «Il ne faut pas qu'elle se relâche.»

Les manifestants réclament des investissements «offensifs» dans les énergies renouvelables. C'est aussi la teneur d'une lettre envoyée par le collectif «Sortons du nucléaire» au Conseil fédéral, avant sa séance spéciale sur la question énergétique mercredi et la session spéciale des Chambres fédérale en juin. Le collectif exige aussi le débranchement des centrales actuelles et le renoncement à tout nouveau réacteur.

Si, à l'instar de Pierre-Olivier Nobs, du comité antinucléaire fribourgeois, beaucoup estiment qu'«il n'était pas possible d'être ailleurs aujourd'hui» ou, selon le socialiste fribourgeois Xavier Ganioz, que c'est «une véritable marche de l'espoir», d'autres ne cachent pas leur déception de ne pas pu avoir convaincre leurs connaissances de se déplacer. «Je pouvais organiser un car spécial avec un trajet à 25 francs par personne, dit, dépitée, Noëlle, d'Estavayer-le-Lac. J'ai appelé tout le monde: je n'ai pas eu un seul téléphone. On dirait que les gens ont peur de changer. Ils disent que ça coûtera trop cher de sortir du nucléaire. En Suisse, on se sent protégés. Mais nous, à Estavayer, nous sommes à 30 kilomètres, à vol d'oiseau, de Mühleberg.» Jean-François et Florence, des Français qui habitent à Fribourg-en-Brisgau, n'ont, eux, pas hésité à se mobiliser, avec leurs enfants. «Il est important d'envoyer un signal international. En juin tomberont les décisions sur la centrale alsacienne de Fesselheim et sur le moratoire allemand. Nous manifesterons aussi samedi prochain, jour de grand rassemblement en Allemagne.»

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