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Espoirs et faux espoirs sur l'affaire Puerto

Enfin! Après une année d'attente, le dossier de l'affaire Puerto a été rouvert. Que peut-on attendre de la réouverture de l'instruction? Tentative de réponse. Rappel pour les béotiens. L'affaire Puerto est cette fameuse affaire de dopage sanguin ayant éclatée le 23 mai 2006 à Madrid. Elle impliquait le Dr. Eufemiano Fuentes et son collègue José Luis Merino. Ces deux «médecins» avaient organisé un réseau de dopage comprenant de nombreuses transfusions sanguines (200 poches de sang confisquées).

17 févr. 2008, 12:00

La première enquête avait permis de dévoiler le nom de 58 cyclistes impliqués dans ce réseau. Certains ont été suspendus (Basso, Ullrich, Heras), d'autres ont avoué (Jaksche) et la plupart courent toujours (Mancebo, Sevilla, Plaza, Vicioso voire Contador et Valverde) mais plus dans des équipes ProTour. Manolo Saiz et Vicente Belda, managers des principales équipes cyclistes impliquées (Liberty Seguros, Kelme) ont été exclus du circuit, mais tentent d'y revenir par le biais de formations amateurs. La réouverture du cas pourrait compromettre ce retour.

Sinon, sportivement, il n'y a pas grand chose à attendre de la réouverture du dossier. Même si l'UCI (Union cycliste internationale) et l'AMA (Agence mondiale antidopage), parties civiles dans cette affaire, se réjouissent de la décision juridique. L'AMA se montre «raisonnablement optimiste». Son directeur juridique, Olivier Niggli, prédit que le juge instructeur - toujours Antoni Serrano - pourra diligenter des enquêtes complémentaires. Certains disques durs d'ordinateurs pourraient dévoiler des choses «intéressantes». L'UCI, par la voix de son président, se déclare satisfaite de la décision. «Il y avait des risques que les preuves disparaissent», relève Pat McQuaid.

D'accord, mais ni l'UCI ni l'AMA n'ont la garantie de pouvoir accéder aux preuves. «Les juges espagnols se moquent de savoir à qui appartiennent les poches de sang», remarque Olivier Niggli. A juste titre. Dans le cadre de cette enquête pénale, l'identité des tricheurs est secondaire. En 2006, l'Espagne ne possédait pas de loi antidopage et le texte légal approuvé l'année passée n'a pas d'effet rétroactif.

Donc, sauf si le juge permet l'accès aux preuves - ce serait étonnant - on ne découvrira pas à qui appartiennent toutes les poches de sang conservées dans les laboratoires espagnols. Alejandro Valverde, dont le sang est certainement stocké dans une de ces poches, passerait ainsi entre le gouttes. Comme bien d'autres athlètes et pas seulement des cyclistes.

La réouverture de l'enquête va surtout permettre de déterminer si Fuentes et Merino ont mis en danger la santé d'autrui, délit sévèrement puni pénalement (six mois à deux ans de prison) par la loi espagnole. Le parquet espagnol, qui avait recouru contre le classement de l'affaire, souhaite que les experts en toxicologie se prononcent sur la qualité de la conservation et du transport du sang. La chaîne du froid n'était, semble-t-il, pas respectée. La prescription de médicaments périmés pourrait aussi être prouvée. Plusieurs révélations de cas de dopage (Heras, Hamilton, Santi Pérez, entre autres) ont été possibles grâce à - ou à cause de... - mauvaises manipulations médicales (médicaments périmés, poches de sang inversées). Ce qui est punissable par la loi.

En clair, ce sont surtout les «cerveaux» de l'affaire et leurs complices (soigneurs) qui courent des risques après l'ouverture du dossier Puerto. Les tricheurs peuvent dormir en paix. Ou presque... / JCE

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