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En Arménie, on faisait déjà du vin il y a 6000 ans

06 sept. 2011, 11:34

A quelle époque et dans quelle région les hommes ont-ils appris à fabriquer du vin? L'énigme reste entière malgré plusieurs découvertes autour du bassin méditerranéen et dans le Caucase. Le fait de savoir maintenant distinguer les pépins fossiles de raisins sauvages et domestiques ouvre de nouvelles pistes de recherche. Car nos ancêtres ont pu faire du vin avec de la vigne sauvage avant d'apprendre à la cultiver.

Dans ce contexte, la découverte qui a eu lieu en 2007 dans une grotte située dans l'est de l'Arménie reste malgré tout un événement majeur. Des archéologues américains et arméniens y ont exhumé un vrai trésor: les restes d'un ancien pressoir, une cuve, des fragments de poteries, des pépins, de la pulpe et même des pédicelles. Tous ces vestiges en bon état de conservation dormaient dans une couche de terre vieille de 4000 ans av. J.-C. (Journal of Archaeological Science, mai 2011).

«Ils ont eu beaucoup de chance de trouver autant de choses dans un seul lieu», admet Philippe Marinval, de l'Université de Toulouse (CNRS). Le nombre de pièces leur permet en effet d'avoir la quasi-certitude d'être en présence d'un des premiers chais néolithiques.

«Nous n'avons jamais dit que nous avons découvert le plus vieux vin du monde», souligne néanmoins Hans Barnard, de l'Université de Californie (Etats-Unis). «En revanche, nous avons développé une méthode fiable pour identifier les traces très anciennes de vin et nous l'avons appliquée à plusieurs échantillons mis au jour en Syrie et en Arménie», insiste-t-il.

Un pigment rouge

A ce jour, en effet, aucune analyse biochimique ne permet de détecter des traces de vin avec certitude car l'éthanol (alcool) disparaît avec le temps. A défaut, les biochimistes se sont rabattus sur les traces d'acide tartrique, un composé que l'on trouve dans le raisin mais aussi dans d'autres fruits consommés jadis dans le bassin méditerranéen ou utilisés comme plantes médicinales.

Le nouveau marqueur est un pigment rouge caractéristique du raisin: la malvidine qui a l'avantage de n'être présente que dans un petit nombre d'autres végétaux. Des traces ont été détectées sur la paroi de plusieurs tessons de céramique trouvés dans la grotte arménienne mais aussi à Tell Mozan, en Syrie. C'est un indice mais, pour Hans Barnard, il ne saurait être suffisant. «Une preuve définitive ne peut être apportée que par la combinaison d'indices archéologiques, historiques et chimiques», explique-t-il.

A consommer avec modération

L'idéal serait de trouver une nouvelle méthode de détection de l'éthanol (l'alcool) mais il est très soluble et n'a le plus souvent laissé aucun dépôt. De plus, l'alcool peut aussi être le produit d'une activité microbiologique naturelle. «C'est donc peu vraisemblable de pouvoir un jour mettre au point un test irréfutable de la présence de vin ou de produits alimentaires dans un contexte archéologique.» Les révélations sur l'histoire ancienne du vin sont elles aussi à consommer avec modération.

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