Au début de son mandat, il y a trois mois, Ehoud Olmert aspirait à dessiner d'ici à 2010 les frontières définitives d'Israël, en se retirant de la majeure partie de la Cisjordanie. Après une guerre qui s'achève avec des pertes considérables et sans gain net, le dirigeant israélien est désormais plus prudent.
L'affaire libanaise et l'offensive qui dure à Gaza semblent en effet avoir sonné le glas du concept même d'unilatéralisme: Israël avait quitté le Sud-Liban en 2000, Gaza en 2005, à chaque fois sans accord de paix. La reprise des combats dans ces deux zones a montré que le retrait unilatéral n'offre aucune garantie de sécurité pour le territoire de l'Etat hébreu, entre les roquettes du Hezbollah, et dans une moindre mesure, celles des Palestiniens sur les villes frontalières.
Au plus fort des combats, Ehoud Olmert affirmait encore que la guerre libanaise pourrait donner l'impulsion au retrait de Cisjordanie. Mais cette semaine, il a expliqué à ses ministres et aux députés que ce projet retournait dans les cartons. Un changement de cap confirmé hier par un de ses principaux conseillers, Asaf Shariv: «Pour l'instant, nous allons gérer d'autres questions. Ce n'est pas que le retrait a été annulé, mais il n'est pas au programme».
Mais ce revirement prive la coalition dirigée par Ehoud Olmert de sa principale raison d'être, son équipe gouvernementale ayant été bâtie sur le postulat du désengagement de Cisjordanie. Toute autre option pour régler le conflit avec les Palestiniens semble en outre gelée, tant que le Hamas sera aux commandes.
Le gouvernement Olmert est donc très vulnérable, d'autant plus que la tempête gronde autour de sa conduite de la guerre. Les détracteurs demandent une commission d'enquête officielle qui aurait pouvoir de démettre de hauts responsables.
«Avec tant de question en suspens, avec une commission d'enquête, des citoyens très remontés et un tsunami politique qui s'annonce, il est temps de se préparer à des élections anticipées», écrivait hier le quotidien «Haaretz».
Comme si un malheur ne suffisait pas, le ministre de la Justice, Haïm Ramon, principal artisan du projet de retrait de Cisjordanie, a annoncé hier sa démission pour cause d'inculpation à venir dans une affaire de harcèlement sexuel. Le prochain scrutin est prévu pour 2010. / ap