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Eclairage: «Michael Jackson et R. Kelly, l’impossible boycott?»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, sportive, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Lea Gloor revient sur les répercussions de deux films à charge contre Michael Jackson et R. Kelly.

13 mars 2019, 17:00
Une manifestation a eu lieu en janvier devant les bureaux de Sony Music, à New York. Depuis, la maison de disques a mis fin au contrat qui la liait à R. Kelly.

«Que faire de l’art d’hommes monstrueux?» Posée ainsi par l’auteure Claire Dederer en 2017 sur le site de la revue anglo-saxonne «The Paris Review», la question ressurgit après la diffusion de deux documentaires choc, en ce début d’année, «Leaving Neverland» and «Surviving R. Kelly».

Le premier, diffusé par la chaîne HBO, donne la parole à deux victimes présumées de Michael Jackson. Deux Américains, désormais adultes, qui auraient été abusés par la star étant petits. Le second relaie en six épisodes les témoignages de jeunes femmes séquestrées et/ou sexuellement agressées par l’interprète de «I Believe I Can Fly».

Dans les deux cas, l’opinion publique s’est enflammée et certains organismes n’ont pas tardé à prendre des mesures. Des radios québécoises et néo-zélandaises ont choisi de retirer toutes les chansons de Michael Jackson de leur programmation. Les producteurs du dessin animé «Les Simpson» ont aussi supprimé l’épisode dans lequel l’interprète de «Thriller» prête sa voix à un personnage.

De son côté, R. Kelly a été lâché par sa maison de disques. Le mouvement #MuteRKelly, qui réclame le boycott complet de l’artiste depuis des années, connaît un regain de popularité.

Paradoxalement, depuis la diffusion du documentaire, les ventes de billets pour ses concerts ont explosé en Allemagne et le volume d’écoute de ses morceaux a augmenté de 16% sur Spotify. La même plateforme qui l’avait retiré de ses playlists à la suite d’un scandale sexuel en 2018. La mise en sourdine avait duré un mois.

 

«Certaines personnes n’ont-elles pas pris trop d’importance pour qu’on les oublie?»

Blacklister un artiste ou continuer à estimer ses créations malgré ses dérives, aucune des deux solutions ne convainc à 100%. «Certaines personnes n’ont-elles pas pris trop d’importance pour qu’on les oublie, surtout lorsqu’elles sont mortes et hors de portée de toute sanction?», s’interroge ainsi Carl Wilson, critique musical pour «Slate». Et d’illustrer: «Dans les espaces publics, la musique envahit souvent nos oreilles sans y être invitée.»

Une sanction judiciaire peut-elle résoudre l’équation? Condamné en 2004 à huit ans de prison pour le meurtre de sa compagne Marie Trintignant, le chanteur Bertrand Cantat est remonté sur scène, animant la controverse. Mais en juin dernier, lors d’un concert à Bruxelles, l’ex-leader de Noir Désir a laissé entendre qu’il mettait un terme à sa carrière.

Depuis la diffusion de «Surviving R. Kelly», l’Américain a été inculpé de dix chefs d’accusation. Et de nouvelles images à charge ont été remises à la police…

En savoir plus : le décryptage complet de Carl Wilson (traduit en français)

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