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Eclairage: "La tactique commerciale perdante de Donald Trump"

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d'actualité régionale, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd'hui, Daniel Droz évoque la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump.

04 juin 2018, 17:01
"Promesses tenues", proclame une banderole lors d'un meeting de Donald Trump au Tennessee.

Donald Trump, la semaine dernière, a appuyé sur le bouton. Ce geste, heureusement, n’a pas entraîné de conflit nucléaire, mais bien le début d’une guerre commerciale. Les Etats-Unis vont frapper les importations d’acier et d’aluminium de taxes douanières, à savoir 25% pour le premier et 10% pour le second.

Les réactions ont été vives, mais personne ne s’est encore précipité pour annoncer des mesures de rétorsion. Parallèlement, le locataire de la Maison-Blanche a brandi une nouvelle menace. Elle concerne le secteur automobile. Des taxes à l’importation pourraient également voir le jour dans les mois à venir.

Donald Trump confirme ainsi qu’il a peu d’estime pour ses partenaires ou ses interlocuteurs. Il n’hésite pas à souffler le chaud et le froid durant les négociations même. Avec la Chine, la suspension de la guerre commerciale est suivie de sanctions. Du côté de l’Europe, il brandit la menace de taxes sur l’automobile durant les pourparlers sur l’acier et l’aluminium. Enfin, il prend à rebrousse-poil le Canada et le Mexique alors que Washington discute d’un nouvel accord de libre-échange.

La tactique ne porte guère de fruits. Seule la Corée du Sud a, jusqu’à présent, cédé. Et pour cause, elle veut à tout prix privilégier l’apaisement avec le Nord. Quitte à accéder aux demandes des Etats-Unis en matière de commerce. 

Il y a diverses raisons à l’attitude de Donald Trump. Le monstrueux déficit commercial américain en est une. Mais, il y va aussi de politique intérieure. A moins de six mois des élections de mi-mandat, le président veut donner des gages à ceux qui l’ont élu. La classe moyenne blanche des régions industrielles fait notamment partie de ses soutiens. En s’en prenant à des secteurs emblématiques, la sidérurgie et l’automobile, il veut démontrer qu’il tient ses promesses. L’enjeu est de taille. Une victoire démocrate en novembre l’empêcherait d’agir comme il le veut pendant les deux dernières années de son premier mandat.

Sa tactique pourrait s’avérer perdante à plus d’un titre. La première victime de la guerre commerciale sera la croissance mondiale. Son aversion pour le multilatéralisme poussera l’Asie dans les bras de la Chine. Quant à l’Europe, elle rechignera moins à se tourner vers l’Est et Poutine. Un dictateur, certes, mais moins versatile.

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