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Eclairage: immigration voulue mais pas reconnue

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d'actualité régionale, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd'hui, Daniel Droz se penche sur l'immigration au sortir de la Deuxième Guerre mondiale.

18 avr. 2018, 17:00
Le premier ministre britannique Theresa May a dû se résoudre à reconnaître la situation des familles d'immigrés antillais, venu au Royaume-Uni à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

L’histoire de la «génération Windrush» ne trouve quasi aucun écho de ce côté-ci de la Manche. Elle est pourtant emblématique de la politique d’immigration menée par les pays d’Europe occidentale au sortir de la Deuxième Guerre mondiale.

Invités au Royaume-Uni pour participer à la reconstruction du pays, un demi-million d’Antillais britanniques répondent à l’appel de Londres de 1948 à 1973. Les premiers ont débarqué du navire Empire Windrush. Comme ceux qui les ont suivis, ils ont travaillé, payé des impôts, la sécurité sociale et, pour la majorité, fondé une famille.

Le problème? Se considérant comme sujets de sa majesté, ils ne se sont jamais enregistrés. Précision utile: au Royaume-Uni, il n’y a pas de carte d’identité et un passeport est indispensable uniquement pour voyager à l’étranger. Or aujourd’hui, les lois ayant été durcies, plusieurs dizaines de milliers de descendants des premiers arrivants sont menacés d’expulsion. Ils ne se sont pas en mesure de prouver qu’ils sont Britanniques.

Le quotidien «The Guardian» a levé le lièvre. Dans un premier temps, le gouvernement s’est montré inflexible. La pression a fini par payer. Lundi, en marge de l’ouverture du sommet du Commonwealth, il a présenté des excuses. Une équipe sera mise sur pied pour régulariser ces nombreux cas.

Pays ravagés, jeunesse fauchée par les balles, les obus et les bombes, sans oublier l’Holocauste: à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’Europe a besoin de forces pour se reconstruire. Les colonies sont des bassins de recrutement tout désignés. La France ne fait-elle pas alors le même raisonnement que le Royaume-Uni?

Les migrations économiques sont jugées indispensables. Même la Suisse est obligée d’y recourir. Elle «importe» des saisonniers. Ces Italiens, Espagnols et Portugais payent leurs impôts, leur AVS, mais doivent partir durant l’hiver et, surtout, ne pas faire venir leur famille. 

Impossible de ne pas tirer un parallèle entre ces saisonniers et la «génération Windrush». Le contexte local n’est pas identique, la finalité de leur venue, oui. Ils ont contribué à la richesse des pays où ils ont œuvré, se sont intégré. La reconnaissance de leur apport, par contre, ne suscite que peu de débats. Il n’est pas trop tard.

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