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Dur de préserver le patrimoine d'Ur

15 juin 2011, 11:23

Difficile, à Ur, de ne pas rêver des trésors que le sable et la poussière dissimulent alentour. Mais pour les experts, l'urgence est aujourd'hui à la conservation des merveilles excavées au siècle passé dans cette antique cité sumérienne du sud de l'Irak.

Un demi-siècle que plus rien n'a été fait pour la restauration de ce lieu où la Bible situe la naissance d'Abraham. Ses constructions en briques présentent les stigmates des conflits de ces dernières décennies, et surtout des ravages liés aux conditions climatiques extrêmes de cette région aride.

Alors, les autorités irakiennes viennent de lancer avec l'aide de l'ONG américaine Global Heritage Fund (GHF) un projet pour cartographier, puis restaurer ce site à 300 km de Bagdad, qui n'a à ce jour livré que 10% de ses secrets.

Pas de précipitation

«Des trésors sont juste sous nos pieds», observe l'archéologue irakien Abdelamir Hamdani, un des responsables du projet, en désignant un monticule poussiéreux à quelques mètres. «Quand vous enlèverez l'épaisse couche de sable, vous y trouverez peut-être un temple, un mur ou des maisons, peut-être du 5e millénaire avant JC.»

«Tout le monde est fasciné à l'idée des fouilles», poursuit ce doctorant de l'Université Stony Brook de New York. «Mais à quoi bon entasser ces trésors dans les musées si on ne sait pas conserver les monuments?».

Il y a urgence à sauver cette cité qui fut il y a 4100 ans la capitale d'un empire prospère régnant sur la Mésopotamie, avant d'être abandonné au IVe siècle avant JC quand l'Euphrate qui l'arrosait s'en alla couler plus loin. Mais le Global Heritage Fund refuse de céder à la précipitation. «Notre priorité est de respecter les règles scientifiques de conservation», a expliqué Jeff Morgan, directeur de cette ONG qui va investir sur cinq ans 580 000 dollars dans le projet et espère une contribution d'un million de dollars de Bagdad.

Lent processus d'érosion

Avant même de toucher aux vestiges, la première tâche sera d'établir la topographie précise du site (GPR) afin d'élaborer un plan global de conservation. Des techniques jamais appliquées à Ur seront utilisées, telle l'imagerie satellite ou le radar à pénétration de sol.

Alors seulement pourra commencer le travail de restauration d'Ur, qui ne figure à l'heure actuelle que sur la liste indicative du Patrimoine mondiale de l'Unesco. Pour Abdelamir Hamdani, «les efforts devront en priorité se porter sur les deux joyaux du site, le cimetière royal et surtout l'imposante ziggurat.»

Cette construction à degré où trônait dans l'antiquité le temple de Nana, déesse sumérienne de la lune, a été partiellement restaurée dans les années 1960. Mais l'ensemble des vestiges subit depuis qu'ils sont sortis de terre «un lent processus d'érosion», selon l'historien de l'art italien Alessandro Bianchi.

Attaqués par le vent et la chaleur extrême en été, «ils sont également rongés par la salinité des sols», explique cet expert. Il a passé ces six derniers mois à former six Irakiens aux techniques de restauration des briques.

Potentiel touristique

Le climat n'est pas seul responsable des dégradations de ce site. Il a également souffert de la présence d'une base militaire irakienne ciblée par la coalition lors de la Guerre du Golfe (1990-1991).

Selon Abdelamir Hamdani, l'incorporation du site après 2003 à la base américaine de Tallil a contribué à lui épargner les pillages et violences dont ont été victimes un grand nombre des 12 000 sites archéologiques irakiens.

Plus aucune campagne de fouilles majeures n'a été organisée depuis les expéditions du British Museum et de l'Université de Pennsylvanie dans les années 1920 et 1930. Mais le travail du GHF préparera le terrain aux archéologues voulant revenir. Il permettra surtout de valoriser un des sites majeurs de l'Irak, un pays dont M. Morgan juge le potentiel touristique immense. «Tout le monde est allé en Egypte ces 30 ou 40 dernières années. Mais qui a visité l'Irak?» / ATS-afp

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