Jamais un scrutin mexicain qui peut déboucher sur l'élection historique d'un président de gauche et un basculement de plus en Amérique latine après Lula (Brésil), Nestor Kirchner (Argentine), Hugo Chavez (Venezuela) et Evo Morales (Bolivie), ne s'est annoncé aussi serré.
«Les pauvres d'abord», dit l'ancien maire de Mexico âgé de 52 ans, Lopez Obrador, «le bien contre le mal», insiste Felipe Calderon, 43 ans.
Six ans après la victoire de Vicente Fox du Parti d'action nationale (PAN) qui a mis fin à plus de 70 ans de pouvoir du parti révolutionnaire institutionnel (PRI), le Mexique paraît se rapprocher des démocraties occidentales où l'on choisit entre la droite et la gauche.
Les ultimes sondages donnaient une avance de deux à cinq points à Lopez Obrador sur Felipe Calderon, mais tous plaçaient Roberto Madrazo, le candidat du PRI, loin derrière. Malgré ses 17 gouverneurs sur 32 Etats qui composent la fédération mexicaine, l'ancien parti hégémonique ne semble plus savoir où se situer sur l'échiquier politique.
Comme en 2000, les sondages prévoient qu'aucun des grands partis n'aura la majorité, laissant planer à nouveau le spectre de l'impossibilité à gouverner qui a marqué le mandat de six ans de Vicente Fox. Selon l'institut de sondage Mitofsky, les trois principaux partis se retrouveraient dans un mouchoir de poche à la chambre des députés avec un léger avantage au PAN sur le PRI et le Parti de la révolution démocratique (PRD) qui soutient Lopez Obrador.
Au Sénat, le PRI qui avait la majorité absolue devrait conserver une majorité relative, devant le PAN et le PRD.
L'objectif des deux autres candidats à l'élection présidentielle, la social-démocrate Patricia Mercado et le réformiste Roberto Campa, est de s'assurer une représentation parlementaire.
Face au risque d'impossibilité de gouverner, Felipe Calderon a promis en cas de victoire le 2 juillet de s'atteler dès le lendemain à la formation d'un gouvernement d'union nationale ou de coalition avant le 1er décembre, date de l'investiture du président. Lopez Obrador s'est prononcé pour un nouveau pacte social.
La campagne a été marquée par les invectives entre Felipe Calderon et Lopez Obrador, à coups - pour la première fois dans une campagne mexicaine - de spots télévisés négatifs. Felipe Calderon, ancien ministre de l'Energie soutenu par les milieux d'affaires, a qualifié son opposant de «danger» pour le pays, voire de Chavez (le président vénézuélien) à la mexicaine. Accusé de populisme, le candidat de gauche a répliqué que son adversaire ne représentait que les intérêts de l'élite.
Sur le fond, la lutte contre l'insécurité, la corruption, le trafic de drogue, la création d'emploi, la lutte contre la pauvreté ont été les grands thèmes de campagne des candidats.
Lopez Obrador propose un nouveau modèle de répartition de la richesse dans la 10e économie mondiale et premier producteur de pétrole en Amérique latine où la moitié de la population - 50 millions d'habitants - est pauvre.
Felipe Calderon veut s'appuyer sur la stabilité et les bons indicateurs économiques laissés par Vicente Fox pour relancer la croissance mexicaine et créer des emplois.
Aucun des candidats ne remet en cause la relation privilégiée avec le grand voisin américain. Mais ils attendent de Washington une réforme de la loi migratoire en faveur des millions de Mexicains vivant aux Etats-Unis. / ats-afp