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Des opérations d'exfiltration ont bien été envisagées

La présidente de la Confédération confirme la préparation d'actions de libération des otages, mais les détails sont classés «secret défense». Hans-Rudolf Merz est en mauvaise posture.

22 juin 2010, 11:53

La récréation est terminée. Après les indiscrétions qui ont révélé la préparation d'opérations d'exfiltration des otages suisses, la présidente de la Confédération Doris Leuthard a repris les choses en main. Elle a convoqué hier matin le Conseil fédéral pour une séance de remise à l'ordre.

Il en résulte une confirmation officielle et un avertissement: oui, des actions de libération ont bel et bien été envisagées; non, elles n'auraient pas dû être portées à la connaissance du public. «Ces indiscrétions relèvent du droit pénal», souligne la présidente qui a lu une déclaration devant la presse en précisant d'emblée qu'elle ne répondrait à aucune question.

Tous les regards se tournent du côté de Hans-Rudolf Merz. C'est son entourage qui est à la source de l'information et le grand argentier risque fort de se retrouver dans le rôle de l'arroseur arrosé. Beaucoup s'interrogent d'ailleurs sur le côté suicidaire des attaques portées contre sa consœur. Pour le président du PDC Christophe Darbellay, la Confédération doit aller jusqu'au bout de l'exercice et porter plainte. Il estime cependant que les torts sont partagés. «Il y a aussi eu des indiscrétions pour dénoncer les initiatives de Hans-Rudolf Merz en Libye», rappelle-t-il

Selon Doris Leuthard, le Conseil fédéral a été informé le 3 février 2010 des opérations commando envisagées en 2008 et 2009. Il a alors chargé les chefs des départements des affaires étrangères et de la défense de lui livrer un rapport. «Celui-ci devait montrer qui était informé de ces actions, dans quelle mesure, ainsi que qui avait donné les ordres d'engagement ou d'abandon». La présidente a également demandé un avis de droit sur la légalité de ces actions.

Le rapport a été livré le 15 février et les sept sages en ont discuté le 22 mars. Résultat: «Le Conseil fédéral estime juste que les services responsables envisagent de telles actions lorsqu'il y a prise d'otage», mais il exige à l'avenir d'être impliqué dans ce genre de décision. On n'en saura pas plus: «Par égard envers les otages, cette discussion ainsi que les documents s'y rapportant ont été classifiés secrets». Doris Leuthard, indique la délégation des commissions de gestion, a rencontré hier le Conseil fédéral et l'a informé de détails complémentaires. Mais là aussi une chape de silence s'abat: «Le contenu de ces discussions ne sera pas rendu public car il relève de la sécurité nationale et pourrait entraver la marge de manœuvre de la Suisse dans des cas semblables.»

Membre de la commission de politique extérieure du Conseil national, le socialiste genevois Cornelio Sommaruga comprend que Doris Leuthard ait voulu ramener le calme et arrêter les indiscrétions mais il note que cette affaire est un signe de plus des dysfonctionnements du Conseil fédéral. «Il faut redonner un contenu politique à la concordance», affirme-t-il.

«Le Conseil fédéral doit travailler sur la base d'un programme commun, quitte à revoir la composition politique du gouvernement». Christophe Darbellay place en revanche ses espoirs dans le projet de présidence renforcée. «Une présidence forte aurait permis d'éviter une partie de ces problèmes car elle rendrait le président incontournable». /CIM

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