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Des bijoux inutilisables

Les vélos des cyclistes professionnels pourraient être encore plus légers. L?UCI freine l?évolution du matériel. Les constructeurs et les gens du milieu parlent d?aberration Une visite autour du parc de vélo du Tour de Romandie fait rêver les badauds. Plus belles les unes que les autres, les machines utilisées pas les coureurs attisent la convoitise. Pourtant, un cyclotouriste fortuné peut rouler sur un vélo plus léger qu'un cycliste professionnel, un bijou inutilisable dans le peloton du ProTour. Ce constat aberrant hérisse le poil de beaucoup de constructeurs, de coureurs et de directeurs sportifs. Selon eux, le règlement de l'UCI freine l'évolution. La fameuse limite des 6,8 kg est jugée trop restrictive et dépassée.

27 avr. 2006, 12:00
A moins de 6 kg

D'abord un souvenir. En 2004, lors du Tour de France, les mécaniciens d'une équipe belge avait utilisé un procédé très astucieux pour alourdir artificiellement leurs vélos. Ils mettaient des glaçons dans la partie du cadre située sous la selle. Une petite obturation permettait ensuite à l'eau de s'écouler en course. Voilà à quoi en arrive pour détourner le règlement de l'UCI qui fixe la limite minimale de 6,8 kg.

Pourtant, de nombreux fabricants de vélo proposent des bicyclettes bien plus légères. La nanotechnologie, les fibres de carbone et les visseries ultra légères permettent de considérablement alléger le cadre. «Nous fabriquons des machines de moins de 6 kg, explique Rolf Singenber, chef du développement chez BMC, fournisseur de l'équipe Phonak. Pour nous, le poids ne devrait pas limiter l'évolution, c'est la qualité du produit qui compte. Cette limite de 6,8 kg et toutes les restrictions concernant les mesures du vélo nous empêchent de vraiment nous démarquer. Il faudrait vraiment que l'UCI accepte d'ouvrir le débat et revoie son règlement.»

Le discours est plus virulent du côté des coureurs qui parlent de non-sens. Le grand Manolo Saiz, directeur sportif de Liberty Seguros, est lui véhément. «Ce règlement est une terrible stupidité, s'exclame l'Espagnol toujours à la recherche de la perfection. L'UCI empêche le marché de notre sport de se développer. Pour le cyclisme, les équipes professionnelles c'est la vitrine, comme la Formule 1 pour la voiture. Le matériel devrait pouvoir évoluer grâce à nous. Il devrait même y avoir un concours du plus beau vélo.»

«Cela nous éviterait aussi de parler trop souvent de dopage.»

A l'UCI, on se réfugie derrière la sécurité. «C'est le seul critère qui compte pour nous et elle n'a pas de prix, explique Jean-Michel Voets, président du jury des commissaires du Tour de Romandie. Actuellement, nous ne voulons pas descendre cette limite. Si des tests fiables démontrent qu'une machine de moins de 6,8 kg satisfait aux critères de sécurité et rigidité, nous entrerons peut-être en matière. Nous ne voulons pas freiner le progrès. Je pense qu'une évolution est envisageable, mais pas immédiatement. En ce qui concerne les vélos proposés sur le marché, il faut bien se rendre compte qu'un cyclotouriste n'a pas la même force qu'un professionnel. Donc, son cadre peut être plus léger.»

Ces arguments officiels font sourire les constructeurs. «Nous soumettons nos vélos à des tests très sérieux et poussés, assure Rolf Singenberger depuis son entreprise de Granges. L'UCI ne veut pas les effectuer elle-même pour une question de coût et de gestion, mais les données que nous possédons sont fiables. Personne ne nous a jamais demandé les résultats de nos tests.»

«Ce n'est pas non plus normal qu'une équipe du ProTour utilise un vélo plus léger dans un contre-la-montre, s'offusque encore Manolo Saiz. Tout cela parce que les normes fixées par l'UCI sont très difficiles à appliquer. Vraiment, la fédération commet une grave erreur dans sa politique du matériel. Présenter plus souvent des innovations, nous permettrait de donner une image positive et moderne du cyclisme. Cela nous éviterait aussi de parler trop souvent de dopage.» Pardon? / JCE

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