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Déployée au goutte-à-goutte, l'aide suisse est critiquée

Après le tremblement de terre en Haïti, l'aide internationale afflue. Et les polémiques font déjà rage. La Confédération doit justifier sa décision de ne pas avoir dépêché sur place la Chaîne de sauvetage.

16 janv. 2010, 12:13

La Suisse n'échappe pas aux habituelles polémiques sur l'organisation des secours. Jeudi, Toni Frisch, chef de l'aide humanitaire de la Confédération, a dû justifier la décision de ne pas envoyer sur place la Chaîne de sauvetage, apte à retrouver des victimes dans les décombres et à leur prodiguer les premiers soins. Sur le plateau de la TSR, Nago Humbert, président de Médecins du monde Suisse, n'a pas caché qu'il ne comprenait pas ce choix. Le «Blick am Abend» y est allé plus fort encore en titrant: « Tous les pays sont déjà là, seule la Suisse manque encore». Et le rédacteur en chef de s'émouvoir dans une lettre à Toni Frisch: «S'il vous plait, aidez-les!»

«Arriver 36 heures après le drame, c'est trop tard pour retrouver des survivants», a pourtant expliqué Toni Frisch. La plupart des humanitaires partagent cet avis. L'accès aux victimes reste problématique. L'aéroport de Port-au-Prince est encombré et partiellement hors d'usage. Le port n'est pas praticable. Reste la route, depuis Saint-Domingue, capitale de la République dominicaine. Mais c'est la grande inconnue sur les conditions de transport, la sécurité et surtout la durée du voyage pour atteindre les zones sinistrées.

Porte-parole de l'ONG Terre des hommes (TDH), Pierre Zwahlen annonce que des délégués et du matériel partiront ce week-end. «Depuis Saint-Domingue, plusieurs scénarios sont possibles. Avec beaucoup de chance, on trouve de la place dans un hélicoptère. Sinon, il faudra louer des voitures. Dans ce cas, impossible, en l'état, de dire quand nous arriverons aux Cayes (réd: ouest du pays, où TDH est présente depuis vingt ans).»

La décision helvétique de ne pas envoyer la Chaîne de sauvetage, composée de 60 à 100 personnes, s'inscrit dans ce contexte rempli d'incertitude sur les chances des secouristes d'arriver à temps et de sauver ne serait-ce qu'une seule personne. Par contre, hier à Berne, Toni Frisch a annoncé qu'une quarantaine de délégués seront sur place cette fin de semaine avec trente tonnes d'aide. Trois millions de francs ont été débloqués pour cette première phase, auxquels s'ajoute 1,2 million pour le Programme alimentaire mondial. De plus, la Suisse compte s'engager à long terme, notamment dans l'approvisionnement en eau.

Et l'armée suisse? En 2005, elle a effectué 2814 jours de service à Sumatra, après le tsunami. Trois Superpuma ont été engagés pour effectuer 476 heures de vol durant 64 jours d'opérations. Mais hier, Toni Frisch expliquait qu'un tel engagement ne se justifiait pas aujourd'hui et qu'il revenait moins cher de louer des appareils sur place. Il se pourrait néanmoins que l'armée suisse fournisse deux conteneurs médicaux. /MAG

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