Déchéance de nationalité: le Canada n'en veut plus

"Il n'y a qu'une classe de Canadiens", affirme le gouvernement canadien. Partant, il propose de supprimer la déchéance de nationalité pour les terroristes. Une idée combattue par le parti conservateur.

26 févr. 2016, 07:20
Le gouvernement canadien de Justin Trudeau propose de mettre fin à la déchéance de nationalité.

A contre-courant de la France, le gouvernement canadien de Justin Trudeau a ouvert la voie jeudi à l'abrogation de la déchéance de nationalité qui s'applique aux binationaux coupables de terrorisme ou d'espionnage. "Il n'y a qu'une classe de Canadiens", a-t-il martelé. Le précédent gouvernement conservateur avait adopté en mai dernier la révocation de la nationalité canadienne pour les binationaux, dans la foulée de l'attaque, en octobre 2014, du Parlement fédéral par un aspirant djihadiste. Cette mesure était destinée à "lutter contre la menace de terrorisme djihadiste", avait alors assuré l'administration dirigée par Stephen Harper.

Au contraire, avait plaidé en campagne électorale Justin Trudeau, "un Canadien, c'est un Canadien", et quel que soit son crime, le système judiciaire saura y répondre adéquatement. Un peu plus de trois mois après son entrée en fonctions, le gouvernement libéral est donc passé de la parole aux actes. Il a déposé jeudi à la chambre des communes - où les libéraux disposent d'une large majorité - un projet de loi abrogeant la déchéance de nationalité.

Conservateurs en colère

Immédiatement, le parti conservateur a accusé le gouvernement de mettre en danger la sécurité nationale. "Avec cette décision, beaucoup de Canadiens vont s'interroger sur la faculté de juger du gouvernement quand vient le temps d'assurer la protection des Canadiens", a lancé la députée Michelle Rempel. L'opposition ne digère pas en particulier la décision de rétablir dans sa nationalité canadienne le seul individu, qui s'était vu retirer sa citoyenneté à l'automne dernier, en pleine campagne électorale. Emprisonné à perpétuité pour avoir planifié en 2006 des attentats à Toronto, l'homme aurait dû être expulsé en Jordanie au terme de sa peine.

Les services canadiens de contre-espionnage ont indiqué cette semaine que 180 Canadiens étaient engagés à l'étranger aux côtés de groupes extrémistes, dont une centaine en Irak et en Syrie, et qu'une soixantaine sont de retour au Canada après avoir séjourné au sein de telles organisations.