«Si la Kilbi de Guin est le plus beau week-end de l’année, la Rocklette, c’est la plus belle semaine de l’année!» Hélène Becquelin a le trait leste et reconnu. L’illustratrice lausannoise originaire de Saint-Maurice a notamment remporté le Prix suisse du livre jeunesse 2023 pour «Le colibri», ouvrage conçu avec la romancière à succès Elisa Shua Dusapin.

Mais elle a aussi la langue bien pendue et intarissable quand il s’agit de causer rock’n’roll et frissons électriques. «J’ai plongé dedans à la fin des années soixante-dix, le rock, le post-punk… Quand est arrivée la vague Nirvana, j’ai complètement décroché. Parce que c’était une boucle qui recommençait», se souvient cette rebelle dans l’âme. Puis, les enfants, la vie, le travail l’ont tenue éloignée des scènes jusqu’à une forme d’adolescence retrouvée il y a quelques années.

«Les enfants étant grands, on (elle et son époux Momo qu’unissent les liens sacrés du son) s’est rebranchés au milieu, à se renseigner, à voir des concerts…» A la Kilbi, véritable Mecque fribourgeoise du rock alternatif pointu, et à la Rocklette aussi, rendez-vous marqué au feutre rouge dans l’agenda annuel du couple. «La première, c’était en 2017, avec Allah Las et Kikagaku Moyo notamment. C’est là que ça a commencé.»

L’origine des dessins de concert

Ça, à savoir le bonheur du grand air – traversé par quelques volutes fromagères –, les décors de rêve de Mauvoisin, de la cabane Brunet, du col du Lein ou du couvert du Goly, le rock dans son plus simple appareil, sans excès de technique et d’écrans LED. Et surtout les dessins de concerts, qui sont devenus l’un des pans importants de son travail d’illustratrice, et qui ont récemment fait l’objet d’une exposition aux Docks de Lausanne.

Année après année, on ne peut pas les manquer, Hélène et Momo, au premier rang, au plus proche des artistes. Pour profiter du son le plus direct possible, mais aussi pour capturer les attitudes, les gestuelles récurrentes, les gimmicks qui feront, à tête reposée, toute la substance de ses dessins. «Je prends quelques photos et je travaille d’après elles. J’ai énormément appris en faisant ces dessins, notamment sur la gestion des proportions et dimensions.»

Une BD attendue pour mai 2024

Entre le Palp Festival et Hélène Becquelin, le lien est devenu très fort. Si bien que la dessinatrice travaille actuellement sur une bande dessinée intitulée «Chroniques palpiennes», où elle évoquera la vie du village de Bruson et ce que l’implantation du festival a amené à la région.

«Je m’y mets en scène et je raconte des anecdotes de façon décalée sur les gens, les découvertes que je fais, sur les activités du Palp. Je me suis fait énormément d’amis ces dernières années, des personnes surprenantes, pleines d’énergie et d’inventivité.» Et forcément, la Rocklette se taillera une bonne part du récit.

«Je ne dessine que ce que j’aime, ce qui me plaît. Je ne sais pas faire autre chose. Les concerts illustrés sont ceux qui me touchent et j’adore observer le public, croquer des petites saynètes…»

Une édition riche en «batteuses badass»

Cette année, Hélène et Momo étaient de nouveau au rendez-vous de la Rocklette, séjournant chez le forgeron du Châble, «un gars de pas 30 ans qui fait de la ferronnerie d’art et travaille comme serrurier».

«Ce que j’ai adoré cette année, c’est qu’il y avait plein de filles dans la programmation. L’an passé, je m’y retrouvais moins. Il y avait beaucoup de stoner et je ne suis pas fan du style. C’était varié, inclusif et il y avait plein de batteuses badass, celles de The Black Angels, de Big Joanie, de EmzyG, de The Prize…»

Un regret, un seul, le concert des Osees, qui durant une poignée de minutes a été le plus fou, le plus intense, le plus déchaîné peut-être de l’histoire de la Rocklette et a dû s’interrompre à cause d’un orage surgi pour ainsi dire de nulle part. «Je pense que ça aurait été le plus grand moment vécu à la Rocklette pour moi. Ces quelques minutes étaient incroyables.»

Infos pratiques

Plus de renseignements: www.palpfestival.ch. A noter qu’Hélène Becquelin et Momo seront de passage à Sion samedi 19 août en tant que DJ dès 17 heures sous les arcades de la Grenette, dans le cadre du Waïlamawaï Festival.

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