La place financière helvétique a en effet subi hier sa plus forte chute en un jour depuis le 11 septembre 2001, entraînée par les craintes de récession mondiale et les incertitudes liées à la crise des crédits. L'indice vedette Swiss Market Index (SMI) perdait de 6,12% par rapport à vendredi. Se fixant à 6458,72 points, le SMI a même atteint un plus bas à 6376 points vers 16h45. L'indice élargi SPI a pour sa part reculé de 5,84% à 5369,22 points et le SLI a perdu 6,69% à 931,71 points.
«C'est la panique générale. Tout le monde espérait après l'adoption du plan Paulson que les choses se calmeraient. Mais en réalité, il y a toujours des craintes d'effet domino», a déclaré Adrian van Tiggelen, stratégiste principal chez ING Investment, à Amsterdam. Les investisseurs s'attendent désormais à ce que la crise du crédit déstabilise durablement le système financier et économique.
À la clôture, Paris dégringolait de 9,04%, soit la pire chute de l'histoire du CAC 40. Londres lâchait 7,85%, Milan 8,24%, Francfort 7,07% et Amsterdam 9,14%. Moscou perdait 19% - son record négatif. Cette déroute suivait des reculs de 4,2% à Tokyo et de 5% à Hong Kong. À New York, le Dow Jones est tombé hier sous le seuil des 10 000 points, une première depuis octobre 2004. L'indice cédait plus de 5% en cours de séance.
Les gouvernements tentaient de rassurer les épargnants dans l'attente d'une hypothétique réponse européenne commune. L'action la plus spectaculaire est venue d'Allemagne, où la chancelière Angela Merkel a annoncé dimanche la couverture par l'Etat de toute l'épargne des ménages, soit plus de 1600 milliards d'euros. Le gouvernement allemand espérait éviter une panique généralisée. Il n'a toutefois pas réussi à rassurer les marchés.
Au terme d'un week-end riche en rebondissements, Berlin escomptait avoir stabilisé la banque de crédits immobiliers Hypo Real Estate par un vaste plan de sauvetage du gouvernement et de ses consurs, ficelé tard dimanche soir.
Le gouvernement espérait aussi avoir rassuré les Allemands sur le sort de leurs économies. En annonçant dimanche la couverture par l'Etat de toute l'épargne des ménages, la chancelière Angela Merkel a émis «la plus grosse garantie de l'histoire mondiale», commentait hier matin à la radio allemande Hans-Peter Burghof, professeur de finances à l'Université de Hohenheim.
Outre son geste envers les épargnants, Berlin a cherché à éviter un effet de contagion en sauvant la banque immobilière Hypo Real Estate. Cette dernière était déjà miraculée la semaine dernière suite à la plus grosse opération de sauvetage de l'histoire allemande. En une semaine, les besoins en liquidités de la quatrième banque allemande ont pris des proportions faramineuses et pourraient atteindre les 100 milliards d'euros d'ici à 2009. La crise provoque par ailleurs une recomposition du secteur bancaire avec la reprise des activités en Belgique et au Luxembourg du bancassureur Fortis par BNP Paribas. Conséquence: l'Etat belge sera le premier actionnaire du groupe français avec près de 12% du capital. Le montant de la transaction s'élève à 14,5 milliards d'euros.
Grâce à cette opération, BNP Paribas devient la première banque de dépôts de la zone euro. Fortis est l'une des premières grandes banques européennes à flancher sous l'effet de la crise financière mondiale. /ats-afp