Héritière de l'Etat fédéral yougoslave, Belgrade se retrouve quasiment nue. Cette position est inconfortable à plus d'un titre. Sur le plan extérieur, la Serbie paie le prix de son incapacité à mettre la main sur Ratko Mladic. Désireuse d'adhérer à l'Union européenne, elle voit les portes se refermer les unes après les autres. A Bruxelles, la température a baissé. Si la Bulgarie et la Roumanie seront les prochaines à rejoindre les Vingt-cinq, aucune date, hormis la promesse à la Croatie pour 2009, n'est évoquée pour les autres ex-républiques yougoslaves. Cette situation ne manquera pas d'avoir des retombées sur la politique intérieure de la Serbie. Le sentiment nationaliste, déjà très fort, s'affermira. Ce qui n'est pas un bon signe pour les Balkans. Affaibli, le premier ministre Vojislav Kostunica avait misé sur le camp unioniste au Monténégro. Battu, il pourrait s'engager sur la voie des élections anticipées. Un pari risqué qui permettrait aux mouvements radicaux d'émerger. Eux rêvent toujours d'une grande Serbie. Le Monténégro, lui, devra gérer sa toute fraîche indépendance. Avec une forte proportion de Serbes au sein du pays, il s'agira d'éviter les tensions. Il faudra aussi renouer le dialogue avec Belgrade.
L'Union européenne se doit d'être vigilante. Elle qui a brillé par ses divergences lors de la guerre dans les Balkans ne peut plus se permettre le moindre faux pas. Elle doit envoyer des signaux clairs. La démotivation des pro-européens et le repli sur soi seraient néfastes à toute la région.
Reste encore, comme un pied de nez à l'histoire, le vainqueur du week-end: Milo Djukanovic est l'ultime survivant de la classe dirigeante de l'ex-Yougoslavie. / DaD