Angela Merkel, dont la formation a réuni 41,5% des suffrages dimanche, est apparue rayonnante devant ses supporters pour se féliciter d'un résultat "super" et promettre "quatre nouvelles années de succès". Aucun de ses homologues en Espagne, en France, en Italie ou au Royaume-Uni, ne s'est fait réélire depuis le début de la crise financière.
"La République Merkel", titrait l'édition en ligne du "Spiegel", ajoutant: "Deutschland est définitivement Angela-Merkel-Land". Les Allemands "n'ont pas offert à la chancelière une victoire, mais un triomphe", renchérissait le quotidien de centre-gauche "Süddeutsche Zeitung", évoquant le "Merkelisme".
Alliances en suspens
Angela Merkel a jugé qu'il était "trop tôt" pour se prononcer sur la démarche à suivre en termes d'alliances. Prudente, elle a déclaré qu'il fallait "attendre les résultats définitifs", tout en soulignant qu'on avait "déjà le droit de faire la fête".
Mme Merkel sera en position de force pour négocier une coalition, probablement avec les sociaux-démocrates (SPD) - comme lors de son premier mandat (2005-2009) - ou hypothétiquement avec les Verts.
Dans une telle configuration, elle pourrait sans problème continuer de mener sa politique de sauvetage de l'euro, selon son principe : "solidarité" en échange de "politiques de rigueur". Le SPD et les Verts ont jusqu'ici approuvé au Bundestag avec les conservateurs toutes les mesures d'aides aux pays en difficulté.
Choc au FDP
L'allié libéral (FDP) d'Angela Merkel est évincé du Bundestag pour la première fois de l'histoire de la RFA faute d'atteindre la barre des 5% des suffrages (4,8%). Le camouflet a choqué ses partisans, pour certains au bord des larmes.
"C'est une soirée très difficile. Il est clair qu'il s'agit du pire résultat que nous ayons jamais enregistré", a reconnu Rainer Brüderle, dirigeant historique du FDP.
Quant au parti social-démocrate SPD, avec lequel Mme Merkel devrait logiquement discuter d'une "grande coalition", il a obtenu 25,7% des voix. Les Verts sont en baisse sensible à 8,3% (-2,3 points), tandis que la gauche radicale, Die Linke, a baissé de 3,3 points, à 8,6%.
Un nouveau mouvement anti-euro, Alternative für Deutschland (AfD), créé au printemps, a atteint 4,7%, soit moins que les 5% nécessaires pour être représenté dans la chambre basse du Parlement. Selon les instituts de sondage, le déclin des libéraux est en partie imputable à la progression de l'AfD.
La participation a été de 71,5%, soit un peu mieux que les 70,8% de 2009, qui était un record à la baisse.
Triomphe salué en Europe
Le triomphe d'Angela Merkel est salué par l'ensemble de la presse en Europe. En France, le quotidien libéral "Le Figaro" souligne "le triomphe de Merkel": "plébiscitée avec plus de 42% des suffrages, la chancelière d'Allemagne était tout près d'obtenir hier soir la majorité absolue en sièges au Bundestag", écrit le journal français.
Pour le grand quotidien italien "Il Corriere della Sera", la victoire d'Angela Merkel est "historique". "La Repubblica" souligne de son côté que "le triomphe de Merkel" s'accompagne aussi d'un "exit (pour) les anti-euro et les libéraux".
Au Royaume-Uni, le quotidien conservateur" Daily Mail" juge de son côté qu'en remportant un troisième mandat, Mme Merkel "est devenue la (Margaret) Thatcher d'Allemagne". "El Pais" parle d'un "résultat sans précédent depuis l'époque du chancelier Konrad Adenauer (CDU) il y a 50 ans".
Amertume grecque
En Grèce, où règne une stricte politique d'austérité, la réélection de la chancelière n'est pas de bon augure. Le quotidien libéral "Kathimerini" estime que "le meilleur que peut espérer la Grèce c'est qu' (...) Angela Merkel ne remette pas à plus tard des décisions économiques cruciales pour Athènes".