«Il revient de nulle part!» En une phrase, Michel Pont résume la trajectoire d'Alberto Regazzoni. Il y a deux mois et demi, le Tessinois n'avait qu'un seul horizon devant lui: le bout du banc des remplaçants des Young Boys. Aujourd'hui, il se profile comme le joker de l'équipe de Suisse.
Ottmar Hitzfeld a surpris tout son monde en intégrant Alberto Regazzoni dans sa sélection pour les rencontres contre la Lettonie et la Grèce. Le Tessinois n'avait plus figuré en équipe A depuis la tournée en Floride en mars 2007. «Alberto n'avait pas vraiment bénéficié d'un temps de jeu suffisant pour s'exprimer en sélection», reconnaît Michel Pont. «Après la Floride, il a perdu sa place de titulaire à Sion. Ensuite, son transfert aux Young Boys ne fut pas couronné de succès dans un premier temps. Il n'y avait aucune raison pour que Köbi Kuhn le sélectionne à nouveau.»
Le destin de Regazzoni s'est joué le 30 juillet dernier, le jour du limogeage de Martin Andermatt. «Le courant n'est jamais passé avec lui», lâche-t-il. «J'avais compris ce printemps que la situation était bloquée. J'ai vraiment vécu des heures difficiles». Dix jours après le départ d'Andermatt, les Young Boys engageaient Vladimir Petkovic, un entraîneur que Regazzoni avait côtoyé à Malcantone Agno. La venue de Petkovic a tout changé. Il a instauré un nouveau système en 3-4-3 pour offrir à Regazzoni une place de titulaire sur le flanc gauche de l'attaque.
Le plus important était de justifier très vite la confiance de Petkovic. La concurrence est, en effet, très relevée en attaque avec Doumbia, Schneuwly, Varela, Häberli et Degen. Une fois assuré de son statut de titulaire, le Tessinois a retenu l'attention d'Ottmar Hitzfeld il y a dix jours lors de la victoire 2-1 à Bâle. «Ottmar était au Parc Saint-Jacques pour, en premier lieu, le voir», précise Michel Pont. «On peut dire qu'il lui a vraiment tapé dans l'il.»
A 25 ans, il brûle de rattraper le temps perdu. Après avoir offert une dixième Coupe de Suisse au FC Sion en 2006 en marquant le dernier penalty de la séance de la finale contre... Young Boys, Regazzoni a connu une première disgrâce. Il fut écarté par Alberto Bigon et contraint de quitter Sion pour Young Boys avec qui il est sous contrat jusqu'en 2011. Mais même si tout lui sourit aujourd'hui à Berne, le plus Valaisan des Tessinois avoue que «son cur battra toujours pour le FC Sion».
Il lui reste désormais à convaincre le sélectionneur de la nécessité de l'aligner lors des deux prochains matches. «Je crois que tout est ouvert. Chaque entraînement doit me permettre de marquer des points», explique le Tessinois. «Je ne me prends pas pour le sauveur de la nation. Mais je peux apporter ma vitesse et mon culot à cette équipe.»
Le choix de Hitzfeld pour Regazzoni aux dépens de Lustrinelli répond à une certaine logique. Par son style de jeu, Regazzoni offre davantage de possibilités que «Lustrigol» qui n'évolue que dans le seul registre de l'avant-centre. «Regazzoni peut jouer sur les deux côtés», souligne Ottmar Hitzfeld. «Il peut tenir aussi la place du second attaquant. Je pense aussi qu'il excelle dans le jeu de rupture.» A décrypter le discours du coach, Regazzoni semble avoir davantage de chances de jouer en Grèce que samedi face à la Lettonie. Au Pirée, les attaquants suisses bénéficieront davantage d'espaces. /si