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Affaire Bettencourt: Sarkozy ne se souvient plus très bien

Nicolas Sarkozy a admis mardi matin qu'il aurait pu rencontrer André Bettencourt il y a cinq ans, tout en comparant les questions posées sur le financement de sa campagne de 2007 à des "boules puantes".

03 avr. 2012, 16:24
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"Comme toujours avant la présidentielle, il y a un certain nombre de boules puantes", a souligné M. Sarkozy sur Canal+, à trois semaines du premier tour. "C'est classique, ça ne surprend personne, c'est pas pour autant que c'est agréable", a-t-il confié lors de la "Matinale".

Le chef de l'Etat était interrogé sur une possible rencontre en février 2007 avec feu André Bettencourt, l'héritier de l'empire L'Oréal, comme l'a rapporté "L'Express". "Je ne sais pas ce que je faisais il y a cinq ans", a commencé par répondre Nicolas Sarkozy. "Mais si la question, c'est: est-ce que vous auriez pu rencontrer André Bettencourt? Bien sûr, mais quel est le problème?", s'est-il demandé.

Le candidat UMP a rappelé que le couple de milliardaires habitait à Neuilly, ville dont il a été le maire près de vingt ans. André Bettencourt "a été sénateur pendant que j'étais député. Il était dans la majorité, la même que la mienne", a-t-il rappelé. "M. Bettencourt, c'est un délinquant, ce pauvre homme qui est mort depuis des années?", s'est agacé le président-candidat.

Depuis une dizaine de jours, les interrogations se multiplient dans la presse sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. De façon infondée, selon le chef de l'Etat. "La Commission nationale des comptes de campagne a certifié ces comptes, en disant: 'il n'y a pas un centime dont on se demande d'où il vient, il n'y a pas une dépense dont on se demande par qui elle a été financée'. Le Conseil constitutionnel a confirmé ces comptes", a-t-il rappelé.

"Ces comptes de ma campagne de 2007 sont tellement exacts que personne n'y a retrouvé à redire. Il n'y a pas eu un contentieux", a-t-il insisté. "Pourquoi voulez-vous qu'il y ait un financement illégal alors que recettes et dépenses ont été contrôlées millimètre par millimètre et qu'il n'y a pas l'ombre d'une contestation?"

Pierre Moscovici, le directeur de campagne du socialiste François Hollande, a noté "ici ou là certaines ambiguïtés dans les réponses".

Bernard Cazeneuve, l'un des porte-parole du candidat Hollande, a ironisé sur "l'amnésie" du président. "Qui peut imaginer", écrit-il dans un communiqué, "que si des sommes d'argent liquide ont été remises à Nicolas Sarkozy par la famille Bettencourt, en 2007, en violation des règles de droit, celles-ci auront été portées sur les comptes officiels de sa campagne?".

M. Cazeneuve rappelle que les comptes de la campagne 1995 d'Edouard Balladur ont été validés par le Conseil constitutionnel malgré des "irrégularités".

Un ancien Sage de la rue Montpensier expliquait en effet en décembre dernier que "les comptes du candidat Balladur accusaient 10 millions de FF de recettes d'origine inconnue". Dans un entretien au "Parisien", Jacques Robert a affirmé que le président du Conseil constitutionnel de l'époque, Roland Dumas, avait fait pression pour qu'une "solution" soit trouvée. "Nous avons servi de caution à une belle entourloupe", en concluait-il.

D'après un article publié lundi sur le site de "L'Express", Liliane Bettencourt a noté sur son agenda un rendez-vous entre son époux André et Nicolas Sarkozy à la date du 24 février 2007.

Selon "Le Journal du Dimanche" et "Le Monde", parus les 25 mars et 27 mars, l'enquête menée par le juge bordelais Jean-Michel Gentil se resserrerait autour d'un possible financement illicite de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

La cour d'appel de Bordeaux a confirmé vendredi dernier le maintien en détention de Patrice de Maistre, l'ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, mis en examen le 22 mars pour "abus de faiblesse" et "abus de biens sociaux".

Le 15 décembre dernier, l'ancien homme de confiance de l'héritière du groupe L'Oréal avait déjà été mis en examen pour d'autres faits d'"abus de faiblesse" et "complicité d'abus de confiance et d'escroquerie".

Selon le "JDD", ce sont des éléments recueillis en Suisse et l'analyse des mouvements en espèces de la famille Bettencourt qui "ont brutalement changé la donne". L'hebdomadaire, qui s'est procuré une ordonnance signée par le juge Gentil, rapporte que le magistrat soupçonne Patrice de Maistre d'avoir participé à un système de "mise à disposition d'espèces par compensation" du 5 février 2007 au 7 décembre 2009 pour quatre millions d'euros au total.

Dans son ordonnance, toujours selon le "JDD", le juge d'instruction remarque que le gestionnaire de fortune et Eric Woerth ont reconnu s'être rencontrés à plusieurs reprises début 2007, lorsque ce dernier était trésorier de l'UMP. Or, deux de leurs rendez-vous, en février et en avril, semblent correspondre aux dates auxquelles 400'000 euros ont été remis en liquide au couple Bettencourt en présence de Patrice de Maistre.

Le magistrat aurait aussi recueilli des témoignages attestant que Nicolas Sarkozy, à l'époque ministre de l'Intérieur, s'était rendu au domicile des Bettencourt pendant la campagne électorale de 2007.

Selon "Le Monde", un ancien chauffeur du couple Bettencourt a déclaré au juge qu'une gouvernante, aujourd'hui décédée, lui avait confié qu'à cette époque, "M. Sarkozy était venu pour un rendez-vous voir Monsieur et Madame très rapidement, que c'était pour demander des sous".

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