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Accident de Tiananmen: la police sur la piste de militants séparatistes

Le véhicule en feu qui a foncé dans la foule sur la place Tiananmen de Pékin, en Chine, a fait cinq morts et 38 blessés lundi. Le gouvernement chinois soupçonne que l'accident était en fait un attentat-suicide de militants séparatistes.

29 oct. 2013, 17:05
Sans utiliser le mot d'"attentat" et sans relier explicitement les faits de Tiananmen à ses investigations en cours, la police a affirmé dans son message: "Une affaire majeure s'est produite lundi".

Les autorités chinoises n'ont fait aucun commentaire au sujet des raisons de cette explosion survenue à proximité de l'entrée de la Cité interdite et du portrait géant de Mao Zedong, sur cette place Tiananmen, symbole du mouvement de contestation en faveur de la démocratie de 1989 réprimé dans le sang. Mais, selon une source au fait du dossier, "cela ressemble à une attaque-suicide préméditée".

Cette source, qui a requis l'anonymat pour ne pas s'exposer, a ajouté que les occupants de la voiture auraient utilisé une substance inflammable. Tous trois sont morts sur les lieux ainsi que deux touristes. "Ce n'était pas un accident. Les trois hommes (à bord) n'avaient prévu aucun plan pour fuir les lieux", a déclaré une seconde source, liée au pouvoir chinois.

L'attaque, ajoute-t-on, serait en rapport avec la réunion le mois prochain du comité central du Parti communiste chinois, qui doit se prononcer sur des réformes économiques majeures.

Ouïghours recherchés

Lundi soir, plusieurs heures après l'incendie, la police de Pékin a annoncé qu'elle recherchait en liaison avec "un incident majeur" deux suspects originaires du Xinjiang, province troublée de l'ouest de la Chine. L'un des deux est originaire de Piqan, une ville du Xinjiang où des affrontements avec la police ont fait au moins 35 morts en juin dernier.

La notice ne fait pas explicitement référence à ce qui s'est passé sur la place Tiananmen et aucune précision n'a pu être obtenue auprès de la police de Pékin. De même, le gouvernement régional du Xinjiang n'a donné suite à aucun appel téléphonique.

Des policiers ont cependant diffusé auprès des propriétaires d'hôtel une notice concernant deux clients suspects arrivés depuis le 1er octobre et qui seraient originaires du Xinjiang. Compte tenu de leurs noms, les suspects appartiendraient à l'ethnie des Ouïghours, minorité turcophone musulmane dont des éléments séparatistes ont été accusés par le pouvoir d'une série d'attentats.

Quatre plaques d'immatriculation appartenant à la province de Xinjiang sont également évoquées.

Une première

Les violences séparatistes imputées aux Ouïghours n'ont jamais atteint Pékin, en dépit d'interrogations sur les auteurs d'une attaque à la bombe contre un bus de la capitale qui avait fait deux morts en 1997.

Si la piste menant aux séparatistes ouïghours était confirmée, ce serait aussi une première, selon Barry Sautman, politologue à l'Université des Sciences et Technologies de Hong Kong. "Il y a certes eu un grand nombre d'attentats à la bombe commis par des groupes ouïghours, mais à ma connaissance aucun n'a impliqué jusqu'à présent un suicide", a-t-il dit.

Des photos vues par Reuters suggèrent que le 4x4 de la place Tiananmen a parcouru plusieurs centaines de mètres sur la partie réservée aux piétons, renversant des passants avant de prendre brutalement feu. Une témoin s'exprimant sous le sceau de l'anonymat dit avoir vu la voiture renverser trois ou quatre personnes.

Vaste censure

"Les gens ont commencé à paniquer et nous nous sommes tous cachés dans des toilettes. Trois ou quatre minutes plus tard, je suis ressortie et j'ai pu voir de la fumée noire. La police avait commencé à disperser les gens", a-t-elle raconté. Les mesures de sécurité ont aussitôt été renforcées dans la capitale et une vaste censure a été appliquée sur l'internet, qui continuait mardi.

Les requêtes associant les mots "Tiananmen" et "bombe", ou "Tiananmen" et "Xinjiang", étaient ainsi bloquées. Quant aux journaux, strictement contrôlés par les autorités, ils se sont cantonnés à reprendre un compte-rendu succinct fourni par l'agence officielle Chine nouvelle.

En juillet dernier, la presse officielle chinoise rapportait que le gouvernement soupçonnait des éléments extrémistes du Xinjiang de se former au combat au sein de la rébellion syrienne et de projeter des attentats à leur retour en Chine.

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