30.000 réservistes mobilisés

Face à la résistance inattendue rencontrée au Sud-Liban, l'état-major israélien a rappelé un nouveau contingent de réservistes. Le bilan des victimes de l'offensive israélienne ne cesse de s'alourdir Malgré les dénégations européennes, Israël a interprété hier l'échec de la conférence de Rome comme un feu vert de la communauté internationale à la poursuite de son offensive meurtrière au Liban.

28 juil. 2006, 12:00

De son côté, al-Qaïda est entré en scène pour appeler les musulmans dans le monde entier à participer au «jihad» (la guerre sainte) contre l'Etat hébreu et l'Occident.

Au 16e jour des opérations de l'Etat hébreu au Liban, consécutives à l'enlèvement de deux soldats de l'armée israélienne par le Hezbollah, le bilan des hostilités s'élevait à 424 morts au Liban, dont 377 civils, et à 52 morts en Israël, dont 19 civils, selon les autorités respectives des deux pays.

Le ministre libanais de la Santé a toutefois chiffré hier en fin de soirée à près de 600 le nombre de victimes civiles tuées sur territoire libanais.

Divergences de fond

Au lendemain de la conférence de Rome, au cours de laquelle la communauté internationale n'est pas parvenue à s'entendre sur un appel à un cessez-le-feu immédiat, Israël n'a pas tardé à interpréter cet échec comme un blanc-seing donné à la poursuite de ses opérations entamées le 12 juillet.

«Hier, lors de la conférence de Rome, nous avons reçu de fait la permission du monde - la moitié en grinçant des dents, l'autre moitié en donnant sa bénédiction - à poursuivre notre opération, cette guerre, jusqu'à ce que la présence du Hezbollah au Liban soit éradiquée et qu'il soit désarmé», a estimé le ministre israélien de la Justice, Haïm Ramon, considéré comme un proche du premier ministre Ehoud Olmert, à la radio de l'armée israélienne.

Toutefois, Israël a décidé de ne pas étendre son offensive au Liban, préférant rappeler quelque 30.000 réservistes pour leur faire reprendre les entraînements. Les propos de Haïm Ramon ont immédiatement été démentis par l'Union européenne et l'hôte italien de cette conférence internationale.

S'exprimant au nom de l'Union européenne, le ministre finlandais des Affaires étrangères Erkki Tuomioja, dont le pays exerce la présidence tournante de l'UE, a dénoncé «une interprétation totalement fausse» de l'issue de la conférence par Israël.

Le ministre finlandais a reconnu l'existence de «positions divergentes» au sein de la communauté internationale, notamment entre les Européens et les Etats-Unis, ces derniers s'étant opposés à Rome à un appel à un cessez-le-feu immédiat.

Mais il a souligné que la plupart des pays présents, dont l'UE, souhaitent «un arrêt immédiat des hostilités». A Rome, le président du Conseil italien Romano Prodi a fait un commentaire similaire. «La position exprimée par la conférence ne peut pas être interprétée comme une autorisation» pour les Israéliens à poursuivre les hostilités, a déclaré Romano Prodi à l'issue d'une rencontre avec le président palestinien Mahmoud Abbas.

Loin de ces considérations diplomatiques, le réseau al-Qaïda est intervenu pour la première fois depuis le début du conflit pour avertir qu'il ne resterait pas inerte devant les attaques israéliennes sur le Liban et la Bande de Gaza alors que «ces obus (israéliens) brûlent nos frères».

«Guerre sainte»

Dans un message enregistré, diffusé par la chaîne satellitaire panarabe Al-Jazira, le numéro deux d'al-Qaïda, Ayman al-Zawahri, considéré comme le lieutenant d'Oussama ben Laden, estime que désormais «le monde entier est un champ de bataille ouvert devant nous».

Al-Zawahri a également appelé tous les «opprimés» du monde à se joindre à la «guerre sainte» contre Israël et «la civilisation tyrannique occidentale et son leader, l'Amérique».

Sur le terrain, les forces israéliennes ont frappé hier des caches présumées du Hezbollah au Liban, poursuivant leur campagne aérienne après avoir subi, mercredi, leurs plus lourdes pertes en vies humaines, avec neuf soldats tués et 25 blessés. Une roquette du Hezbollah a frappé une usine chimique de Kiryat Shemona, selon des responsables israéliens de la sécurité. / ap