«Il ne s’appelle même pas Pierrot. Il s’appelle Ferdinand. C’est la fille dont il est amoureux qui l’appelle Pierrot pour l’énerver. Il répète sans arrêt: ‘Je m’appelle Ferdinand’. Elle lui dit: ‘Tu es fou’.»

Début des années 1980. Même pas 20 ans. Une nuit du cinéma à La Chaux-de-Fonds. «Pierrot le fou». La découverte de Godard. «C’est un film qui est plus un tableau, à la fois un paysage et un portrait», confie le cinéaste en 1965 à l’époque du tournage. Du Vélasquez, ose-t-il.

Donc, pas un polar, pas vraiment un «road movie». Un tableau. Un homme amoureux. Le regard de la caméra. Un Godard amoureux. De sa femme. Anna Karina. Marianne Renoir à l’écran. Encore un nom de peintre. D’un cinéaste aussi.

De l’humour. En couleurs. On y croise Raymond Devos. Un sketch d’anthologie. La fin brutale du personnage principal et du film? Une douce ironie malgré la dynamite. Pas la moindre impression d’un quelconque hermétisme.

C’est ce qui m’est revenu à l’esprit cette semaine. Godard a décidé de l’heure et du jour de son départ. Pas question de revenir en arrière. Pas comme Pierrot. Euh, non! Ferdinand. Lui a voulu d’abord en finir. S’est ravisé. Mais boum!

Godard? «The Guardian» tire un portrait assez pertinent. C’est comme si Che Guevara avait échappé à la CIA et vieilli dans la jungle bolivienne.

«Moins visible, moins important, mais toujours capable de fomenter de loin ces braquages de banque et ces spectaculaires actes de résistance armée qui ont rappelé sa vocation révolutionnaire.» Révolution sans violence physique. Sur grand écran.

La course folle du monde

La Terre tourne et nous tournons en rond. Guerre, foot, climat, ce n’est pas le pied, lâche Daniel Droz.