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Tringlots débardeurs sur nos crêtes

Cette semaine, la beauté du monde se trouve sur les crêtes du Jura bernois, entre Corgémont et Cortébert. Le réalisateur TSR de «Passe-moi les jumelles», Jean-Paul Mudry, nous y fait découvrir la dernière compagnie militaire de tringlots faisant du débardage avec des chevaux franches-montagnes.

21 févr. 2011, 07:23

Des images saisissantes de justesse des crêtes enneigées du Jura bernois prises l'année dernière nous font regretter l'hiver qui nous fait un sacré faux bond. Restent la chaleur entre l'homme et l'animal au travail et surtout la qualité du silence à peine perturbé par la vie des soudards.

«Ce reportage sort de nos habitudes. car ici nous découvrons les protagonistes en même temps que le spectateur. D'habitude, nous passons beaucoup de temps avec les gens que nous filmons. Par soucis d'authenticité, car notre travail est un travail de proximité», explique le réalisateur Jean-Paul Mudry, qui reconnaît s'être greffé sur un travail en cours entre l'armée et les forestiers du coin. Pour moi qui venais de plonger dans le monde de l'étalonnerie jurassienne, c'était étonnant de voir qu'il existait des compagnies d'armée qui utilisaient encore les chevaux», précise Jean-Paul Mudry.

Cette unité de tringlots représente un des derniers représentants de ces compagnies du train qui acheminent du matériel lourd dans des endroits quasi inaccessibles et tire des luges à flanc de montagne. Du Mont-Racine, à la Vue-des-Alpes en passant par les crêtes de Cortébert et de Corgémont, cette unité s'épuise dans l'effort. Aujourd'hui, on la voit se rendre utile aux forestiers et aux communes pour le débardage des grumes selon des techniques ancestrales. Elle a ses lettres de noblesse, contrairement à autrefois où ces trognes à goutte qui ne montaient pas leurs chevaux rustiques étaient quelque peu méprisées par les fiers dragons de la cavalerie, qui montaient de nerveux demi-sang.

Les soldats de ce cours de répétition proviennent de tous les milieux: «Je suis musicien», dit l'un; «Je fais ça pour la nature et les marches à pied», dit l'autre, «Je suis géomètre et mon père a un élevage de demi-sang», se gausse un autre. «Moi (aussi) mon père avait des chevaux à la maison. Il était déjà tringlot», renchérit le suivant. «J'ai été formé au ballet classique contemporain et maintenant je participe à des concours de beauté comme Drag Queen», s'épanche le dernier qui, visiblement, apprécie la rudesse de cette vie militaire.

Touchant, le dernier explique le silence animé de la forêt: «Les chevaux sont beaucoup plus calmes dès qu'ils arrivent dans un boisé», explique-t-il en évoquant qu'ils font partie intégrante de la nature dans laquelle ils travaillent pour son bien et celui des propriétaires de forêts. «Les animaux nous voient, ils nous regardent. Nous ne les dérangeons pas.»

Le militaire a tout compris. Comme les autres, à mesure de l'effort, il tisse un lien étroit avec sa bête. Avec celle aux côtés de laquelle il a marché à l'amble pendant tout le cours. Avec celle qu'il a étrillée, pomponnée, peignée, nourrie. «Cela me fait quelque chose de voir ce cheval monter dans le camion, à la fin, regrette-t-il. «Ils ont vraiment conscience qu'ils font quelque chose d'utile, admire le producteur TV. L'engagement est total.»

Avec un tel sujet, on remarque que même en gris-vert, la forêt reste belle. Les images corroborent la chose. /YAD

«Passe-moi les jumelles», Jean-Paul Mudry, «Les derniers tringlots», diffusion le 23 février à 20h05, TSR1

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