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Lutte pour la transparence à l'embauche

23 mai 2011, 07:35

Les nouveaux modèles d'offres d'emplois de l'administration cantonale jurassienne remplissent-ils leur mission d'ouvrir les portes de la République à plus de monde? Ou servent-ils seulement d'alibi? Depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi cantonale sur le personnel de l'état au début de l'année, certaines offres publiées dans le «Journal officiel» sont assorties de la mention «Le poste sera vraisemblablement pourvu à l'interne». Transparence ou dissuasion?

«C'est pour être plus transparents que nous avons adopté cette formule», explique le chef du Service jurassien du personnel, Patrick Wagner. «C'est la solution que nous avons trouvée d'entente avec les syndicats, lorsqu'une personne à l'interne a déjà postulé. On joue cartes sur table. Avec l'ancienne pratique, certains de ces postes n'auraient tout simplement pas été mis au concours publiquement.»

Tout est parti d'une motion déposée en 2007 par l'ancien député CS-POP Rémy Meury, «suite à la promotion d'un employé de l'Etat devenu chef du Service de l'informatique sans qu'il y ait de mise au concours». Par principe, il estimait que tout poste à responsabilité hiérarchique devait être proposé à la population. Les exceptions à la mise au concours publique ne pouvant être tolérées que pour des mutations internes sans promotion, pour des postes temporaires ou avec un taux d'activité inférieur à 50%. Sa motion a trouvé un écho auprès du Parlement jurassien, qui a ficelé une nouvelle loi sur le personnel, mieux garante de ce principe de transparence. Le texte - qui ne parle pas de fonctionnaires, mais d'employés de l'Etat - est entré en vigueur au 1er janvier et sera complété par une ordonnance d'application en août.

Chaque année, environ 150 postes s'ouvrent au sein de l'administration, sur les 1300 contrats de travail (820 équivalents plein-temps) que compte le canton, enseignants mis à part. Il s'agit soit de places à repourvoir, soit de nouveaux postes. «Un peu plus de la moitié sont mis au concours, mais avec la nouvelle loi il y en aura plus», note Patrick Wagner. Depuis janvier, six à huit offres portant la mention citée ci-dessus ont paru dans le «JO». A chaque fois, les candidats ne se sont pas pressés au portillon. Parce qu'ils estimaient que les jeux étaient déjà faits? Rémy Meury ne le pense pas. «Quand on est sûr d'avoir le bon profil pour un poste, on n'hésite pas à postuler. A la rigueur, ça a dissuadé les offres d'emplois artificielles de gens pas du tout dans la cible.» Il est convaincu que tous les dossiers de qualité sont étudiés et s'ils ne sont pas retenus, ils sont au moins mis de côté. Car l'administration a parfois du mal à trouver son monde.

Copinage ou pas copinage?

Tous les recrutements passent par le Service du personnel et ne se font donc pas directement au sein des services concernés. Pour aller à la pêche aux nouveaux employés, la règle est la suivante: les offres sont au minimum publiées dans le «Journal officiel». «Mais selon qui on cherche, on peut ratisser très large en publiant dans les journaux de toute la Suisse romande», relève Patrick Wagner. «Et si ça ne suffit pas, on publie dans des revues spécialisées.» En extrême recours, le canton fait appel à des chasseurs de tête. Mais c'est rarissime.

Quant à savoir s'il y a du copinage au sein de l'administration, Rémy Meury joue la prudence: «C'est difficile à dire. Il y a toujours des cas où des personnes s'interrogent. Et puis, cela fait partie de la nature humaine d'être sensible à la candidature d'un proche. Il faut voir sur le long terme pour savoir s'il y a un réel problème. Mais si je prends la dernière législature, on ne peut pas tirer de règle où chaque fois qu'un poste est pourvu dans un service, il est attribué au même parti.»

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