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Levée de boucliers contre le projet d'usine de bioéthanol

Delémont devrait accueillir la première usine de raffinage de bioéthanol de Suisse. Devisé à 100 millions de francs, le projet, soutenu par les autorités jurassiennes, suscite déjà l'opposition des milieux écologistes et alternatifs.

07 mai 2009, 04:15

La demande de permis de construire a été publiée hier dans le «Journal officiel» du chef-lieu jurassien, a indiqué devant la presse Jean-Claude Lachat, délégué à la promotion économique du canton. L'installation, qui sera érigée dans la zone industrielle, produira annuellement près de 100 000 tonnes de biocarburant (d'un degré de pureté de 99,8%) et 30 000 tonnes d'alcool pharmaceutique (d'une pureté de 99,9%), qui seront vendus en Suisse et en Europe.

Pour ce faire, les investisseurs, issus de Scandinavie et déjà actifs dans des projets similaires, prévoient de raffiner essentiellement de l'éthanol brut issu de la canne à sucre brésilienne et dont la pureté atteint 90%. C'est cet aspect qui suscite particulièrement l'ire des milieux écologistes locaux.

Venus assister à la conférence de presse, deux membres du Collectif contre l'importation du bioéthanol brésilien à Delémont ont rappelé que la culture intensive de la canne à sucre entraîne des violations des droits de l'homme, la déforestation et la disparition de l'agriculture alimentaire, contribuant ainsi à la faim dans le monde. L'usine jurassienne est donc «irresponsable du point de vue éthique, environnemental et social», selon eux.

«Nous reconnaissons qu'il y a des abus dans les agrocarburants», a dit Lionel Perret du bureau d'ingénieurs Planair, qui a suivi le dossier sur ses aspects écologiques. Mais le pari de Greenbioenergy SA Delémont, la société créée pour réaliser ce projet, est de produire des biocarburants dans le cadre d'une agriculture durable et selon des critères stricts, a-t-il affirmé.

Ces critères sociaux et environnementaux sont en train d'être fixés avec la Confédération. Car depuis le 15 avril, la législation suisse, la plus sévère au monde en la matière, stipule que pour pouvoir bénéficier d'une défiscalisation, les biocarburants doivent faire la preuve d'un écobilan positif, à savoir émettre au moins 40 % de gaz à effet de serre en moins que l'essence fossile depuis leur production jusqu'à leur utilisation et ne pas nuire à la conservation des forêts tropicales ni à la diversité biologique.

De plus, a assuré Jean-François Gnaegi, porte-parole du projet, «nous ne travaillerons qu'avec des fournisseurs qui respectent le principe 'nourriture avant le fourrage et avant le carburant'». L'annonce que Greenbioenergy cherchait dans ce sens à collaborer avec «des petites coopératives brésiliennes» n'a pas non plus rassuré les opposants qui ont demandé à connaître leurs noms. Sans obtenir de réponse pour l'instant.

En sus de l'éthanol à base de canne à sucre, l'usine entend raffiner d'autres types de produits, dits de deuxième génération et issus de petit lait, de déchets verts ou de bois indigènes. Présentant un meilleur bilan écologique, ces éthanols devraient voir leur part augmenter dans les prochaines années. Mais dans un premier temps, la canne à sucre reste la plus intéressante d'un point de vue économique, a reconnu Lionel Perret. La construction de l'usine, qui pourrait se faire en deux ans une fois les éventuelles oppositions levées, entraînerait la création d'une vingtaine de places de travail et le transit de 30 à 40 wagons par jour. Il s'agit du plus gros investissement privé dans l'histoire du Jura, selon les promoteurs.

Or c'est justement l'importance du projet qui fait dire à ses opposants qu'il ne lui sera pas possible de respecter des critères sociaux et environnementaux. A l'instar d'interventions parlementaires pendantes aux niveaux fédéral et cantonal, ils demandent un moratoire de cinq ans sur les agrocarburants, pour notamment développer l'utilisation d'éthanol indigène. /JST-ats

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