Tout avait soigneusement été mis en place pour que les démocrates-chrétiens retrouvent le siège qui leur avait été subtilisé voilà quatre ans au Conseil national, quand l'UDC Dominique Baettig avait été propulsé au sein de la délégation jurassienne. Hier, le scénario préparé par les forces politiques de centre droit s'est réalisé sans aucune sueur froide. Le calme plat comparé au séisme politique de 2007.
Le démocrate-chrétien Jean-Paul Gschwind et le socialiste Pierre-Alain Fridez ont été élus haut la main au Conseil national. Aux Etats, les deux sortants, soit le socialiste Claude Hêche et la démocrate-chrétienne Anne Seydoux-Christe, ont été reconduits très largement dans leur fauteuil. Grand perdant, le PLR se retrouve en queue de peloton, derrière l'UDC et les Verts.
Une délégation plus unie
Les ingrédients étaient donc là pour réinstaller le PDC au National. Malgré des appels répétés, le PLR s'est refusé à tout apparentement avec les démocrates du centre. Alliance qui leur avait non seulement joué un tour il y a quatre ans, mais qui avait aussi été fatale au PDC. Par ailleurs, pour ne pas siphonner le PDC, les PCSI ont accepté de rester dans l'ombre en renonçant à entrer dans la course. Quant aux démocrates-chrétiens, ils ont mis en place une liste jeunes, contrairement aux dernières élections, pour faire le plein de suffrages. Dans ce contexte, les chances de réélection de Dominique Baettig étaient réduites à néant.
Ejecté, l'intéressé continue de jouer la provocation: «Je passe le relais à Jean-Paul Gschwind, qui est encore plus à droite que moi, selon Smartvote! Alors ça me va.» Le psychiatre, qui a eu le temps de se préparer à son éviction, gardait le sourire à l'heure des résultats. «J'étais seul, je n'ai pas été vraiment soutenu par mon parti. Mais c'était aussi un avantage: le bonheur intellectuel de pouvoir prendre la parole librement, en restant fidèle à mes idées, politiquement incorrectes.» S'il reconnaît avoir parfois eu un sentiment bizarre en tant que représentant d'un canton peu profilé UDC, le Delémontain savoure le fait d'avoir amené les idées de son parti sur la table, «elles vont germer, maintenant».
Aux anges, son successeur Jean-Paul Gschwind se défend d'être positionné plus à droite. «Attention, mon prédécesseur est un extrémiste! On dit peut-être que je suis à droite parce que j'aime la discipline, mais pour le reste, je suis de centre droit, je défends des valeurs chrétiennes et au niveau social, je suis sûr que je m'entendrai avec mon collègue Pierre-Alain Fridez, sauf au sujet de la caisse maladie unique...»
Le succès PDC a toutefois laissé André Burri sur le bord de la route. Pas totalement démonté par ce revers, le Delémontain se laisse même rêver à 2015.
Tous les élus s'accordaient hier à dire que la nouvelle représentation à Berne, composée de deux socialistes et deux PDC, serait plus efficace que celle de cette dernière législature. «Nous pourrons faire un bon travail d'équipe avec mon collègue Gschwind, avec qui j'ai déjà collaboré», respirait Pierre-Alain Fridez. Perdant pour 19 voix il y a quatre ans face au poids lourd Jean-Claude Rennwald, le médecin ajoulot était confiant, mais ne s'attendait pas à un si bon score. «C'est vrai que j'attendais cette élection, même si je n'étais pas un monomaniaque. Je pense que le travail réalisé au sein de mon parti ces dernières années a été remarqué.»
Du côté du PLR, qui n'a pas présenté de personnalités de poids, c'est la soupe à la grimace. Avec 9,5% de voix au National et 10% aux Etats, le parti continue sa dégringolade. Il se retrouve derrière l'UDC et les Verts qui ne cessent de progresser. Le secrétaire général Stève Farine a expliqué que des modifications interviendraient l'an prochain à la tête du parti. L'intéressé se retirera, tout comme la présidente Françoise Doriot, absente hier.
Candidate des Verts, Erica Hennequin se montrait rayonnante de terminer au sixième rang et se permettait même de l'ambition: «En voyant au fil des résultats que j'arrivais juste derrière Dominique Baettig, je me suis prise à espérer le dépasser...»
A noter que le taux de participation au scrutin a atteint 46,1%.