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Le coup de couteau donné au commissaire était volontaire

Le Tribunal correctionnel n'a pas cru la version d'un jeune Africain qui prétendait que c'était par accident qu'il avait légèrement blessé à l'arme blanche le commissaire de la police municipale de Porrentruy. Verdict: deux ans ferme. L'homme reste ainsi en prison, plus de treize mois après les faits. La défense évoque «une justice de la rue».

03 juin 2009, 04:15

Hier matin à Porrentruy, le commissaire a donné des nouvelles plutôt rassurantes: «Ca va mieux. J'ai subi deux opérations. Mais mes cicatrices me causent toujours des problèmes. Les 19 semaines qui ont suivi l'agression, j'ai dû prendre des médicaments pour dormir. Maintenant, à chaque fois que je suis appelé à sortir le soir, ma femme et mes enfants sont inquiets. Je ne pensais jamais que cette banale infraction à la LCR allait mal tourner.»

Car le policier connaît bien le prévenu: «Un non-violent.» C'est donc serein qu'il s'est rendu à son domicile bruntrutain le samedi 19 avril 2008 vers 17h15, pour lui confisquer les clefs de son scooter. Le jeune Africain, âgé de 20 ans à l'époque, circulait en effet sans permis. Et son engin n'était ni immatriculé, ni couvert par une RC. «A partir de là, les versions diffèrent partiellement.» Le président du tribunal Pierre Lachat ne croit pas si bien dire.

Pour le commissaire - en congé ce jour-là, il remplaçait un collègue au pied levé - le prévenu l'a mal reçu: «Il voulait appeler le procureur et son avocat.» Le prévenu: «Il m'a énervé, n'avait pas de mandat. Avec son pied, il m'empêchait de fermer la porte. Je lui ai dit que j'allais chercher un couteau. Lorsqu'il l'a vu, il a voulu s'en saisir en se précipitant sur moi. Je ne l'ai jamais menacé, ni eu l'intention de lui planter le couteau. C'était un accident.» Le policier: «Lorsque j'ai vu le couteau, muni d'une lame de 20 centimètres, je n'ai même pas pris peur, ni désassuré mon arme de service. Il ne m'a pas menacé. Tout d'un coup, le geste est parti et il m'a percé.» Direction les urgences.

La victime a été touchée aux côtes. Sans gravité, mais on a frôlé un drame. Hier à l'audience, le Ministère public a évoqué une entaille de 1,5 cm de large et de 3 cm de profondeur. Le coup a-t-il été porté intentionnellement? Les deux rapports médico-légaux ne permettent pas d'être affirmatif. Pour la substitute du procureur Valérie Cortat, le doute n'est toutefois pas permis: 30 mois ferme. A l'écoute du réquisitoire, l'avocat du commissaire a bu du petit-lait. Gloup!

La défense n'a guère apprécié. «La fuite dans la presse le dimanche matin n'a pas été anodine. Dès le départ, la thèse de l'accident n'avait aucune chance d'être retenue.» Certitude selon l'avocat commis d'office: si le prévenu était issu d'une bonne famille, si ce n'était pas un commissaire de police qui se trouvait en face, l'affaire serait réglée depuis longtemps. Et de demander l'acquittement de son client et 20 000 francs pour réparation.

«La justice de la rue doit être écartée», a encore martelé le défenseur de l'Africain en prison préventive depuis 411 jours. Et le bougre y restera. Le tribunal, se «basant sur les examens de la crédibilité des personnes et des témoignages» l'a condamné à une peine cumulée de 24 mois ferme (lésions corporelles simples aggravées, violences et menaces contre les fonctionnaires, LCR, Stup, dommages à la propriété), ainsi qu'à verser 4000 francs au commissaire pour tort moral. Le prévenu est arrivé en Suisse à l'âge de 4 ans. Ses antécédents sont franchement mauvais. «Un menteur. Nous faire croire qu'un commissaire de police a voulu se saisir sans protection d'un couteau, c'est le faire passer pour un beugeon. Idem pour ceux qui l'ont nommé», a grommelé Pierre Lachat.

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