«Les pêcheurs sont anéantis.» Président de la Fédération neuchâteloise des pêcheurs en rivière, à La Chaux-de-Fonds, Thierry Christen ne cache pas son dépit.

Dimanche 4 décembre, les pêcheurs ont comptabilisé une cinquantaine de poissons malades ou morts sur le tronçon entre l’usine du Châtelot et Bonaparte. «Et c’est pareil jusqu’à Saint-Ursanne».

En cause, le Saprolegnia parasitica, une espèce de champignon qui occasionne aux poissons, et notamment aux salmonidés tels que les truites et les ombres communs, des mycoses particulièrement virulentes.

Première avant la fraie

La maladie avait déjà défrayé la chronique de 2010 à 2014.

«Depuis, on n’avait enregistré que quelques épisodes mesurés mais là, c’est de nouveau l’hécatombe», déplore le pêcheur. «Et c’est la première fois que nous voyons les poissons touchés avec cette ampleur avant la fraie! Auparavant, cela se produisait au printemps.»

Les indicateurs disent que nos rivières sont dans les normes et en bonne santé, alors que dans les faits, nos truites meurent.

Thierry Christen, président de la Fédération Neuchâtelois des pêcheurs en rivières

Il y a dix ans, afin d’éviter toute propagation de la maladie, l’Office cantonal de l’environnement avait demandé de respecter des règles de comportement strictes, soit nettoyer et sécher scrupuleusement les engins et le matériel de pêche, ainsi que les chaussures, à chaque sortie.

Ce qui avait fait réagir les pêcheurs, mécontents d’être montrés du doigt. Ils avaient rappelé que l’agent pathogène pouvait également être transporté par les oiseaux ou un poisson d’élevage malade lors du rempoissonnement.

Selon eux, c’est surtout l’état de la rivière qui est en cause. Le Saprolegnia affecte particulièrement les poissons fragilisés par un environnement altéré, que ce soit par les éclusées, la pollution ou des épisodes de canicule.

«Il se peut que les sécheresses devenues récurrentes jouent un rôle. Mais le problème, ce sont aussi les critères. Les indicateurs disent que nos rivières sont dans les normes et en bonne santé, alors que dans les faits, nos truites meurent», constate Thierry Christen.

Les autorités invitées sur place

Le spectacle de ces poissons qui agonisent, mangés par les mycoses, le consterne.

«J’invite les élu(e) s neuchâtelois (ses), et pas seulement les écologistes, à venir se rendre compte sur place ce dimanche 11 décembre. Être confronté à ces animaux qui souffrent permet peut-être de prendre la mesure du problème. Je ne souhaite accabler personne, nous travaillons tous ensemble depuis de nombreuses années, mais devons faire encore mieux et plus rapidement.»

Une vidéo de l'hécatombe

Le champignon tueur est de retour dans le Doubs

Les pêcheurs constatent de nouveau une hécatombe de truites et d’ombres dans la rivière. La faute au Saprolegnia parasitica, qui a déjà sévi entre 2010 et 2014.