Bientôt la fin des sacs en plastique? Mercredi passé, le Parlement jurassien a voté «des mesures incitatives» pour l'abandon progressif des sacs à usage unique aux caisses des magasins. Une façon de ressusciter l'interdiction pure et simple, votée il y a un an mais restée sans effet car inapplicable.
Le lendemain, la marque de vêtements «durables» Switcher annonçait qu'elle renonçait aux sacs en plastique jetables. A la suite d'autres enseignes du pays, elle emballera désormais tous ses produits dans des sacs à base d'amidon de maïs. Au lieu de finir à la poubelle, ils finiront au jardin... après un tour par le compost.
«C'est un choix dicté par le bon sens qui s'inscrit dans notre politique d'entreprise depuis bientôt 30 ans: choisir les solutions les plus écologiques et impliquer le consommateur», note Robin Cornelius, fondateur de Switcher. Il y a de quoi faire: l'an passé, la marque a écoulé quelque 700 000 sacs en plastique. Produits par l'entreprise vaudoise BioApply, les sacs compostables sont fabriqués en Europe à base de matières végétales renouvelables et sans OGM, garantit le fabricant.
Faut-il absolument changer de sac pour être un bon écocitoyen? Pas si simple. «C'est très difficile de déterminer quel type de sac a finalement le meilleur bilan écologique», note Lionel Cretegny, collaborateur scientifique à la section Consommation et produits de l'Office fédéral de l'environnement. «Cela varie selon que l'on considère les émissions de CO2, l'énergie utilisée, ou encore l'eau, nécessaire en grande quantité pour produire des sacs en papier.» Et les pesticides utilisés pour faire pousser le maïs, on les compte?
N'empêche: après le Jura, ce sera bientôt au tour des députés valaisans de se prononcer sur un texte antisacs. Et ce mois encore, le conseiller national Dominique de Buman veut déposer une nouvelle motion à l'échelon national. La première, en 2008, était restée sans suite pour cause d'agenda parlementaire surchargé. «Il s'agit bien d'interdire les sacs gratuits aux caisses», précise-t-il, «et non ceux utilisés au rayon fruits et légumes, plus fins et qui sont difficilement remplaçables par un autre emballage.»
Qu'en pensent les grands distributeurs? Si Migros Genève a fait figure de pionnier en cessant totalement de distribuer des sachets de caisse dès janvier 2009, les autres rechignent. «D'un point de vue écologique, les sacs en plastique représentent une source de pollution négligeable», affirme la Communauté d'intérêts du commerce de détail suisse, qui regroupe Coop, Migros, Manor, Denner, Vögele et Valora. «Les 3000 tonnes de sacs en plastique utilisés chaque année en Suisse pour le transport et l'emballage de produits alimentaires ne constituent que 0,5% des 850 000 tonnes de matières synthétiques consommées par an.» Cela n'empêche pas les grandes surfaces de suivre la question de près, assure Christine Wiederkehr-Luther, cheffe de projet Ecologie à la Fédération des coopératives Migros. «Issus d'un matériau renouvelable, les sacs biodégradables ont clairement un potentiel.» Elle se prononce pour une «introduction prudente». /AMO-La Liberté