Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Les préjugés persistent

Plus de la moitié des Suisses ont des préjugés contre les étrangers. Et près de 4% peuvent être classés dans un environnement d'extrême droite Plus de la moitié des Suisses ont des préjugés contre les étrangers, et près d'un sur quatre est antisémite. 90% des Helvètes disent pourtant rejeter l'extrémisme de droite, tandis que 3,8% appartiendraient à cette mouvance. C'est à ces conclusions que parvient une étude visant à établir un instrument d'observation régulière des attitudes à l'égard de la différence en Suisse. Réalisée par le Département de sociologie de l'Université de Genève, elle a été publiée samedi par le Fonds national suisse (FNS). Elle définit quatre grands groupes dans la population suisse.

26 juin 2006, 12:00

La «classe créative» (37%) est opposée à toute attitude xénophobe ou misanthrope. Ses membres se situent politiquement à gauche, ils sont urbains, cultivés et plutôt jeunes.

Dans le groupe des «nationalistes conservateurs» (23%), les attitudes xénophobes ou misanthropes sont dominantes. Les membres se situent politiquement à droite. Ce sont des personnes majoritairement moins cultivées qui envisagent l'avenir avec inquiétude.

Peur de l'avenir

Les «entrepreneurs libéraux» (16%) sont, eux, composés de personnes qui ont peur des étrangers. Ils acceptent cependant la différence et ne sont pas misanthropes. Ils se prononcent pour la justice et l'ordre, sont politiquement plutôt à droite et font confiance aux forces du marché libre.

Enfin, chez les «traditionalistes désorientés» (9%), les attitudes xénophobes ou misanthropes sont dominantes. Ses membres ne sont pas engagés politiquement, ils ont peur de l'avenir et peuvent concevoir le recours à la force.

Selon l'auteur de l'étude, Sandro Catacin, c'est ce dernier groupe qui est problématique: il est constitué de personnes qui se sont pour ainsi dire coupées de la société, qui veulent davantage d'ordre.

Recours à la violence

Les «nationalistes conservateurs» sont considérés comme «légèrement inquiétants», car ils admettent, en partie du moins, le recours à la violence. Ils prennent néanmoins encore part à la société et à la logique démocratique, mais de par leur échelle de valeurs, se sont beaucoup éloignés d'une voie consensuelle pour résoudre les problèmes.

Près de 3,8% de la population peuvent être classés dans un environnement d'extrême droite. Selon le sociologue genevois, 23% des personnes interrogées se sont déclarées antisémites. Ce chiffre est sans doute une conséquence du débat sur les fonds en déshérence, estime le chercheur. En outre, plus de la moitié des personnes interrogées peut être qualifiée de xénophobe.

Contrairement à l'Allemagne ou à la France, la société suisse ne se trouve pas dans une crise aiguë des valeurs. Si le climat politique se péjorait et si la tendance au populisme s'accentuait, des phénomènes de violence non contrôlés, provenant de groupes importants, pourraient se produire, souligne l'étude.

Au final, 90% des personnes interrogées rejettent explicitement l'extrémisme de droite et 85% sont favorables aux poursuites pénales pour les propos raciaux. De plus, 77% sont favorables à une meilleure intégration des minorités dans le processus politique et 55% pour une naturalisation facilitée.

Les chercheurs ont effectué 3000 entretiens oraux de 40 minutes. L'échantillon interrogé est représentatif. / ats

Votre publicité ici avec IMPACT_medias