Et les noms d'oiseaux pleuvent. Les pigeons sont sales. Ils sont vecteurs de maladies. Ils dégradent les somptueuses façades de la ville de 800.000 habitants et répandent leur fiente sur les places.
Le maire a donc décidé de passer à l'action. «A Venise, nous avons un problème difficile parce que les oiseaux trouvent de la nourriture partout, et il y a des millions de touristes qui veulent prendre des photos avec eux», souligne Mario Scattolin, un responsable des questions d'environnement au sein de la municipalité. «Nous sommes une petite ville, avec un afflux important de touristes».
Venise organise régulièrement des rafles de pigeons et tue les plus malades. Mais ces mesures ne semblent pas avoir d'effet notable sur leur nombre. Les autorités ont également tenté d'introduire des contraceptifs dans la nourriture ainsi que d'autres variétés d'oiseaux se nourrissant de leurs oeufs. Sans véritable succès.
Selon l'organisation de défense des animaux LAV, la méthode la plus efficace est de réduire leur alimentation. Mais il faudrait alors interdire les vendeurs de maïs de la place. «Ils forment un puissant lobby», observe un porte-parole de l'association, Massimo Vitturi.
Pourtant, à l'impossible nul n'est tenu. Londres a réussi à réduire l'alimentation des pigeons à Trafalgar Square malgré les vigoureuses protestations du public. Le maire de Venise Massimo Cacciari est lui aussi déterminé à présenter une image plus propre de sa ville.
«Il y a des pigeons sur la place Saint-Marc depuis un millier d'années, rappelle un vendeur, Gianni Favin. Voir la place sans pigeons serait comme voir un arbre sans ses feuilles. Il est faux de dire que les pigeons abîment les immeubles», ajoute-t-il en se tournant vers une façade encrassée. «Ce noir est causé par le brouillard».
Dix-neuf familles vivent de la nourriture de pigeons, affirme Gianni Favin. Par une belle journée, il déclare gagner plus de 79 euros (120 francs suisses). S'il pleut, ce sera un dixième de cette somme. Si la municipalité devait révoquer leurs concessions, il prévient que les vendeurs copieraient les marchands ambulants: une couverture à même le sol et, dès l'arrivée d'un policier, on ramasse le tout... /ap