La déconvenue reflète pour l'essentiel la lourde perte de la division Investment Banking. L'unité de banque d'affaires a plongé dans le rouge à hauteur de 3,46 milliards de francs. Déjà «extrêmement difficile» en janvier et février, l'environnement de marché s'est encore détérioré en mars, a expliqué lors d'une conférence téléphonique Brady Dougan, le patron du Credit Suisse.
Embourbée dans la crise du crédit, Investment Banking a dû effectuer de nouveaux correctifs de valeur de 5,3 milliards de francs. Ceux-ci concernent des crédits à effet de levier et des produits structurés liés à des crédits hypothécaires. Un montant qui dépasse les 3,2 milliards de dépréciations de 2007.
La division Asset Management, active dans la gestion d'actifs institutionnels, a elle aussi souffert, subissant une perte avant impôts de 468 millions de francs, contre un bénéfice de 257 millions de janvier à mars 2007. Là aussi, la perte résulte de correctifs de valeurs, pour un montant de 566 millions de francs.
Si les amortissements du Credit Suisse n'atteignent pas les quelque 40 milliards de francs de l'UBS, le numéro deux helvétique n'en figure pas moins au rang des banques européennes les plus touchées par l'actuelle crise.
Mais à la différence du premier gestionnaire de fortune du monde, le Credit Suisse n'a pas besoin de consolider ses fonds propres. Les correctifs les plus importants, soit 2,656 milliards de francs, concernent le difficile secteur du négoce d'instruments financiers liés à des crédits hypothécaires commerciaux, a-t-il précisé. Le Credit Suisse a poursuivi ses efforts en vue de réduire son exposition, a relevé son responsable des risques, Wilson Ervin. Depuis fin décembre, les positions dans les affaires de financement à effet de levier ont diminué de 41% à 20,8 milliards de francs. Celles liées aux crédits hypothécaires ont reculé de 25% à 19,3 milliards.
Les affaires de gestion de fortune et celles de banque de détail en Suisse n'ont pas pu compenser les pertes des unités de banque d'affaires et de gestion institutionnelle. La division Private Banking réunissant ces unités a dégagé un bénéfice avant impôts de 1,32 milliard de francs, en baisse de 8%.
Dans la gestion de fortune, l'afflux net de capitaux s'est établi à 13,5 milliards de francs, contre 15,2 milliards un an plus tôt. Mais Asset Management a enregistré des sorties nettes de capitaux de 20,2 milliards de francs. Au terme de la période sous revue, les avoirs sous gestion se sont fixés à 1380,5 milliards de francs, en baisse de 11%.
Evoquant le trimestre en cours, Brady Dougan s'est voulu prudent, même si les marchés se sont stabilisés en avril. Reste que l'Américain n'a pas exclu de nouveaux amortissements. / ats